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324 BIBLIOGRAPHIE. Pétrequin, par une argumentation nouvelle, tirée d'un ingénieux rapprochement de textes, l'eût rendu désormais impossible. Ce zèle de Spon est vraiment admirable. L'antiquité nous en offre un exemple touchant dans l'histoire de Térence, qui quitte Rome, parcourt la Grèce pour y recueillir les poésies éparses de Ménandre et qui, à son retour, meurt de chagrin parce que, dans les périls d'une tempête, la mer lui a dérobé son trésor. Spon, lui, mourut pauvre, comme était mort, un an aupara- vant, son père, ce médecin si charitable que tout Lyon pleura. Il mourut à l'hôpital de Vevay, à l'âge de 37 ans, victime de cet amour des lettres qui lui fit négliger la recherche de la fortune ; victime, surtout, de cette indépendance de l'esprit qui lui fit préférer l'exil à la répudiation de sa foi. Ainsi mourut Robert Estienne, réfugié à Genève ; ainsi mou- rut Henri II Estienne, à l'Hôtel-Dieu de Lyon, à l'âge de 70 ans ; sans que l'adversité qui s'attachait à cette illustre famille eût épuisé ses rigueurs. Elle réserva son coup le plus cruel pour Antoine, le dernier des Estienne, vieillard de 80 ans, mort in- firme et aveugle à l'Hôtel-Dieu de Paris. L'étude des anciens, ce commerce avec les esprits supérieurs, fut donc pour cette saine génération de penseurs des xvi8 et xvn e siècles autre chose qu'un noble délassement, qu'un pré- texte à de savantes discussions : elle fut aussi comme une sorte de préparation au désintéressement et au sacrifice. La poursuite du beau dans la littérature et dans les arts amena la poursuite du vrai dans la science, et du juste dans la pratique de la vie. C'est dans cette étude que ces martyrs puisèrent la force nou- velle qui se répandit en clarté dans les consciences et qui, après avoir délivré l'âme, l'éleva à des hauteurs d'où elie put défier toutes les persécutions. Nous aurions à raconter ici l'histoire du manuscrit de Belgrade, publié par Naudot, histoire mêlée, comme la précédente, de dis- putes violentes, d'injures en toutes langues et d'incidents de toutes sortes ; nous aurions à faire connaître les conjectures vrai- ment ingénieuses et parfaitement acceptables auxquelles se livre