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300 LES DU VERNEY. service de sa cause une parole dure et cassante, devant laquelle on fléchissait plutôt par crainte que par per- suasion. La science, mieux éclairée dans la suite, devait venger l'injuste échec de du Verney. III L'influence de du Verney sur l'anatomie est manifeste, et personne ne se refuse à la reconnaître. Mais en est-il de même des services qu'il a rendus à la chirurgie, non seu- lement en contribuant aux progrès de cet art par la des- cription plus précise et plus exacte, des différentes régions du corps humain, mais aussi en composant un traité d'opérations auquel il avait mis beaucoup de soins ? Pourquoi ne retrouve-t-on pas plus souvent son nom sous la plume des historiens, lorsqu'ils esquissent les com- mencements de l'art des Dupuytren, des Velpeau et des Nélaton ? — C'est que le brigandage s'est pratiqué de tous temps dans la république des lettres ; peu d'auteurs furent plus exposés à cette plaie que du Verney. De son vivant on ne se fit pas faute de piller dans ses mémoires imprimés et dans ses riches manuscrits : on exploita de mille manières cette mine inépuisable. Mais ce fut bien pis encore après sa mort : chacun se mit à son aise pour partager la dépouille du grand homme. L'histoire heureusement a gardé la trace de ces dépré- dations. Boerhaave, qui n'avait pas vn ce spectacle affli- geant sans en ressentir un profond chagrin et une grande indignation a flétri avechauteur la conduite des écrivains impies qui ont souillé leurs ouvrages par le vol et le men- songe. Ce blâme sévère mais mérité atteint malheureu- sement des noms célèbres dans les fastes de la science