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              L'ÉGLISE DE SA1I -ANDRÉ DE BAGÉ\               239

L'église millénaire,             Aux vivants ils demandent
Sur ses vieux fondements,        Un pieux souvenir,
Recevait la prière,              Oh ! bien peu les entendent
Les hymnes et l'encens.          Émus par leur soupir.

La flèche qui s'élance           La voûte menaçante
Et se perd dans les cieux,       Écarte de l'autel
Étale de Bysance                 Une foule tremblante
Le cintre harmonieux.            Trop sourde à leur appel.

Mille êtres fantastiques         Hostie expiatrice,
Sur la pierre ou le bois,        Dans le temple désert,
Peuplent ses vieux portiques     Le divin sacrifice
Se pendant aux parois.           Ne peut plus être offert.

Au fût d'une colonne             Et ma lèvre murmure
Un Démon grimaçant,              Ces mots consolateurs,
Se tord et se cramponne,         Qui calment la torture
Et fait peur au passant.         Au séjour des douleurs.

Ailleurs des saints de pierre    Mais déjà la nuit sombre
Au ciel levant les mains,        A couvert mon chemin ;
Présentent leur prière           Je m'échappe dans l'ombre
Au maître des humains.           Pour revenir demain.

C'est là dans le silence         Demain, hélas ! peut-être
Que je viens chaque jour,        Le jour en se levant,
Près du Dieu de clémence         Aura vu disparaître
Épancher mon amour.              L'antique monument.

Mais quoi ! ma chair frissonne   Le chêne dont l'automne
D'un soudain tremblement ;       Dépouille les rameaux,
Au loin la nef résonne           Au printemps se couronne .
D'un sourd gémissement.          De feuillages nouveaux.

C'est la voix sépulcrale         Aucune sève, intime
De nos vaillants croisés ;       Aux œuvres des humains
A soulever la dalle              Ne pare, ne ranime
Leurs bras se sont usés.         L'ouvrage de leurs mains.