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                      SALON DE 1869.                    161
les yeux fauves, et quand il revient à des sujets moins
féroces, il lui faut encore, comme cette année, des
groupes bizarres et d'un goût douteux. Malheureusement,
pour l'un et l'autre genre, il manque à son pinceau les
 qualités nécessaires à de pareilles tentatives ; peinture et
dessin manquent encore de largeur et de force. Ses
 Courses au Grand-Camp de cette année ne sont au fond
qu'un excellent motif à être recopié en aquarelles pour
le commerce.
   Les deux paysages de M. GIRIER nous ont rappelé
certaines toiles de M. Carrand par la recherche du grand
effet et de la couleur hardiment ensoleillée. Des dons du
coloriste, un jeune artiste, M. SEIGNEMAKTIN semble se
réserver la plus belle part ; son Portrait et sa Nature
morte révèlent une fois encore une finesse et une délica-
tesse chaque jour plus grandes.
   L'apport des peintres non lyonnais n'est guère considé-
rable, et cela est fâcheux pour les artistes autant que
pour le public. Les artistes apprendraient et seraient sti-
mulés, et le public sortirait de sa routine, de ces admi-
rations forcées par l'habitude et de son dédain pour les
peintres nouveaux qu'il ne cherche pas à s'expliquer,
peine qu'il se donnera pour une célébrité parisienne ;
donc profit pour tous. La nouvelle école s'est faite et a
agrandi le domaine ancien par cette étude sans exclusi-
visme de ce qu'on faisait au dehors ; cette éducation est
encore à faire pour le public, qui continue à juger
d'après ses chers vieux maîtres.
   Malheureusement, les Parisiens se sentent peu attirés
vers Lyon, où les Belges régnent, et seul, M. MANET a
envoyé trois belles toiles qui ont d'abord surpris, mais il
a bien fallu reconnaître les éminentes qualités de cette
peinture solide et puissante. Quelle nature morte peut se
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