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BIBLIOGRAPHIE. 131 faite. J'aurais voulu pouvoir m'effacer devant Fauteur et le laisser face à face avec le public, qui juge en dernier ressort, au lieu d'émietter son œuvre en fragments, car en dépit des différences de titres et de rhythmes, elle est une, et c'est le poëme tout entier de l'amour, naissant, déçu et persistant sans espoir, par la seule force de la flamme qui a brûlé le cœur sans l'anéantir ; C'en est fini pour moi du céleste roman, Que toute jeune fille à mon âge imagine. Du bouquet effeuillé je n'ai plus que l'épine : La brise s'est changée en ouragan glacé, Ma vie, à dix-huit ans, compte tout un passé ! D'autres plus compétents, jugeront des chances plus ou moins brillantes de l'avenir littéraire qui s'ouvre de- vant le jeune auteur des Rayons perdus; pour moi, son livre m'a touché, m'a ému, m'a entraîné vers les régions loin- taines du pays de l'idéal. MUe Siefert possède le don pré- cieux d'émouvoir, je ne lui reprocherai donc pas d'avoir fait vibrer une corde trop fréquemment tendue, puis- que cette corde a résonné au plus profond de mon être, et je redirai avec Musset, l'un de ses initiateurs : Les chants du désespoir sont parfois les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de vrais sanglots ! RAOUL DE CAZENOVE. Janvier 1869.