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148                    BIBLIOGRAPHIE.

toute son âme dans ses chants ? Moins naïve et plus ex-
périmentée, elle eût retranché quelques touches trop vives
dont l'atténuation, sans nuire à son succès, l'eussent
assuré contre de justes critiques. Elle saura éviter cet
écueil dans le nouveau volume qu'elle prépare.
    J'arrive à un de mes morceaux favoris. Je sais qu'il
est l'un des préférés de l'auteur, et il le sera aussi du
public. Les petits chemins, son vrai titre (p. 30), rappellent
les'triolets de nos pères, mais leur modèle est plus vieux
encore et plus lointain. C'est un pantoum. Tout le monde
n'étant pas obligé de savoir ce que c'est qu'un pantoum
 et les rhétoriques et les dictionnaires restant muets, nous
 dirons que c'est un chant indien, plus particulièrement
 malais, dont Victor Hugo a donné un échantillon remar-
 quable dans les Notes des Orientales. Point n'est besoin
 d'en expliquer la contexture prosodique : la répétition
 obligée des mêmes vers à certains rangs en est le nœud,
 l'oreille en est charmée, l'esprit et le cœur le sont ici de
 même. L'idée poétique s'y courbe avec tant de grâce sous
 les arcades répétées des vers redoublés, eHe se jaue avec
 tant d'aisance dans ces barrières étroites, que l'effort et la
 difficulté disparaissent pour laisser seulement place au
 charme que dégage cette fraîche inspiration. Je n'en
 détache rien, le morceau très-court à lire est trop long à
 citer, c'est une perle qui veut être cherchée. On la trou-
 vera en bonne compagnie.
   Indépendamment de ce que j'ai cité en courant, trois
pièces me semblent dominer l'œuvre: Quand même, qui
commence par un portrait calme, froid, mesuré, où l'ins-
piration s'anime par degrés et qui finit par une très-belle
et très-énergique invective contre l'égoïsme de l'insou-
ciance et de l'oubli, Vivere mémento et les Remembrcmees.
Dans la première de ces deux pièces, l'auteur cherche