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	                   LES FRÈRES TAILLEURS DE LYON.                        127
    Lebaronde Renti, qui avait le titre de fondateur de ces sociéte's,
ne survécut pas longtemps à leur installation. Né en i611, au
château de Béni, dans le diocèse de Bayeux, il fut successivement
élève du collège de Navarre et de celui des jésuites de Caen. 11
s'y rendit très-habile dans les mathématiques et la gymnastique;
mais sa vocation l'appelant à la vie religieuse, il résolut d'entrer
dans l'ordre des Chartreux. Ses parents combattirent ce dessein,
et lui firent épouser la fille du comte de Granville. Il entreprit
alors de parcourir la carrière militaire, et servit dans les guerres
de Lorra'ne, avec une distinction qui lui valut les éloges de Louis
XIII. Cependant il soupirait toujours après une vie pénitente, et
il se démit de ces emplois, pour se consacrer aux bonnes œu-
vres. Ses austérités avancèrent sa mort, qui eut lieu le 16 avril
4649, dans sa 37e année. L'église de Citré, au diocèse de
Soissons, reçut sa dépouille mortelle (1).'
   Michel Buch lui survécut, et quoique très-âgé, il accomplit à
pied le voyage de Toulouse, où l'appelait une affaire importante5
relative aux nouvelles confréries. Il fit aussi plusieurs fois, et
toujours à pied, le voyage de Soissons, et mourut d'une maladie
de cœur le 9 juin 1666.
   Il existait à Paris deux confréries de cordonniers et une de
(ailleurs. Les uns et les autres avaient le même habillement de
couleur tannée, et qui consistait dans une espèce de soutane
descendant jusqu'aux genoux, un manteau de même longueur,
une culotte courte, un rabat, un chapeau à larges bords et des
cheveux longs (2). Leurs exercices s'accomplissaient en commun;
ils se levaient le matin à cinq heures, faisaient d'abord la
prière, ensuite allaient au travail, pendant lequel, à la sonnerie
de l'heure, le supérieur prononçait en langue vulgaire une courte
oraison, et quand il en donnait l'ordre on partait pour entendre
    (1) La prompte installation de communautés ouvrières à Soissons, et
l'inhumation du baron de Renti, au sein de ce diocèse, sont probablement
dues à la tradition du séjour et du martyre des saints Crépin et Crépinien
dans la susdite ville.
    (2) Ce costume est gravé, dans l'Histoire des ordres religieux d'Hélyot.