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04 CIVITA-VECCHIA EN 4 8 6 8 . le Danube pour faciliter l'accès de laDacie aux armées romaines, architecte de la place Trajane, sculpteur de la colonne qui, au- jourd'hui encore, dresse son fût immense parmi les portiques renversés, Apollodore dessina le plan du port de Civita et pré- sida aux premiers travaux. Pour fonder la base du brise-lames, il amoncela sur la plage une montagne de blocs de pierre. En une seule nuit quelques cent mille esclaves jetèrent tout cela dans la mer, et sur le matin, la masse s'éleva à fleur d'eau, par dix bras- ses de fond. Les Thermes dont nous avons parlé avaient déjà une certaine célébrité. Trajan y bâtit un château entouré, dit Pline, de ver- doyantes campagnes. Aujourd'hui, les ruines de la Villa domi- nent un terrain aride et des landes incultes, couvertes l'été de chardons et d'orties. Les calandres seules égaient par leurs chants et leurs jeux aériens la solitude brûlée. L'hiver dernier, nous avions un camp sur le plateau, à une portée de fusil des sources. Nos soldats allaient se baigner et laver leur linge dans les étuves des Césars. Le pape Cornélius, exilé à Centumcellœ en 230, y prêcha la foi chrétienne, et vers le iiie siècle, un évèque y fut installé. Ici, trouve naturellement place la légende de sainte Fermina pour laquelle le peuple montre encore une dévotion toute particulière, et souvent d'une naïveté par trop primitive. Ainsi, chaque année, la bonne sainte fait le tour des remparts, brandissant sa palme pour rejeter sur Corneto, la Tolfa et Viterbe le choléra asia- tique. Je ne sais pourquoi elle ne chasse pas en même temps les fiè- vres, les dyssenteries, la petite vérole, etc., etc., endémiques dans la ville. On vénère à la fortezza, construite sous Jules II, un réduit où la sainte, martyrisée sous Dioctétien, se retirait pour prier. Enfin, j'ai entendu un brave moine assurer que Fermina avait cherché dans l'église des Dominicains du Corso un asile contre ses persécuteurs. Dégagée de tous ces détails de haute fantaisie, l'histoire de notre thaumaturge ressemble à celle de toutes les vierges martyres. Romaine, de la famille des Pisons et d'une beauté merveilleuse, Fermina renonce à toutes les joies