page suivante »
2 ARTHUR DE V1RY. assez touchant, cet échange de sentiments délicats et de mutuelle estime? Un homme est jugé quand il a su ins- pirer un aussi grand attachement à des Dames qui ont vécu pendant tant d'années de sa vie de médecin et ont été chaque jour témoin de sa pratique hospitalière. » Ce fut au milieu de tous les bonheurs de sa famille, en pleine force, à 66 ans à peine, qu'une mort imprévue l'a frappé. Il venait de marier son fils, dont la vive félicité le rendait heureux. Quand la maladie l'atteignit, avec le coup d'oeil d'un praticien consommé, il jugea, dès le pre- mier jour, son mal sans remède. Il n'avait-pensé que trop juste. Sa mort fut véritablement une calamité. La ville de Roanne prit le deuil. Les riches regrettaient le savant, l'ami dévoué, l'homme de bien, l'administrateur, l'homme utile ; les pauvres pleuraient l'homme bienfaisant, et son éloge se trouva ainsi dans tous les cœurs. Les journaux en annonçant cette nouvelle remplirent leurs colonnes des regrets de la population ; la foule suivit le cercueil, émue, silencieuse, consternée; tous les honneurs lui furent rendus, mais le plus touchant des hommages, ce fut les larmes qu'on versa à ces paroles de son panégyriste et son ami : « Je l'ai vu sur son lit de souffrance, entouré de ses parents désolés, de sa femme et de ses enfants, s'oubliant lui-même pour penser à chacun d'eux, leur prodiguer des consolations, modérer les élans de leur sollicitude, et, dominant les frissons de la dernière heure, leur imposer tour à tour un repos nécessaire pour continuer des soins que les personnes étrangères étaient incapables de don- ner. Ce n'était point de l'affection, c'était un culte que les siens lui avaient voué. Pauvre femme ! Pauvre mère ! Vous pleurez sans espoir ! Pleurez encore pour soulager