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462          GRAVUItES DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE.

tours aussi carrées donnait un faux air de rempart à l'inoffensif
bâtiment; pour l'artiste, cette construction humble et pauvre
entourée d'une si immense vénération, était plus poétique, par-
lait plus au cœur que le village qui charge aujourd'hui la sainte
montagne. Autour de l'église régnait un vaste enclos livre à la
culture. Tout était calme, silence et tranquillité sur ce sommet
qui dominait les agitations de la cité.
   En suivant la crête de la montagne, on aperçoit le monastère
de l'Antiquaille construit sur l'emplacement d'un palais que les
empereurs romains se sont plu à orner et dont ils ont aimé le
séjour. Ces épais remparts, ces marbres brisés, ces conserves
d'eau, ces acqueducs rappellent la magnificence des maîtres du
monde. C'est là qu'on habité Auguste, Caligula, Domitien, Sévère;
là sont nés Claude et Germanicus ; là sainte Blandine et saint
Pothin furent enchaînés ; là sont tombés les premiers martyrs
chrétiens. Ce monument flanqué de ses trois tours est un des
plus précieux débris de la Gaule et il serait le, but des plus pieux
pèlerinages, s'il n'était aujourd'hui le refuge et l'abri des plus
profondes misères de l'humanité.
   Toujours en descendant, on découvre le clocher carré et le
chœur élégant de l'église des Minimes; derrière ses murs se cache
un ancien théâtre romain assis dans la plus magnifique position,
au-dessus de la Saône et en face des Alpes, lieu de fêtes bruyan-
tes, de réjouissances et de plaisirs, aujourd'hui enseveli sous la
verdure qui dérobe ses dernières assises écroulées.
   Plus à gauche encore est Saint-Just, autre souvenir des pre-
miers chrétiens, cruellement mutilé par les soulèvements popu-
laires et les guerres de religion. Les sombres remparts du cloître
n'existent plus, mais on voit, non loin de là, descendre le long de
la montagne les vieux murs de la ville qui viennent rejoindre la
Saône un peu plus bas que la Commanderie de Saint-Georges et
clore la cité à la hauteur du confluent des deux rivières ; c'est à
peu près au même endroit que le génie militaire a, de nos jours,
construit le mur à meurtrières qui sert de première défense au
fort de Saint-Irénée.
  La Saône baigne le pied de la forte tour qui protège la porte