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A ANDRÉ DEL SARTE. 297
ment Michel-Angesque. La télé aussi est d'un plus beau type,
sans avoir plusd'expression. Malheureusement, nous cherchons
en vain dans nos souvenirs quelque chose de précis relativement
à l'ange, auquel il doit rester en tous cas très-peu de place pour
se loger. Peut-être même cette figure a-t-elle été supprimée,
et le sens de la composition ne s'accuse-t-ii que par l'altitude
d'Abraham ?
Quant à la couleur, au rapport des tons, au parti pris de
l'exécution, la ressemblance est si frappante qu'il n'y a pas
h s'y méprendre. Par son esprit général, il rappelle tellement
l'impression du tableau de Lyon, que toutes les différences
que nous venons de signaler ne se peuvent apercevoir que
par un examen soutenu. Nous avons cru tout d'abord que
nous avions devant les yeux une copie lillérale. Les arbres
fauves et feuillus se découpent avec la môme vigueur sur
le môme ciel clair et verdà lre; le corps d'Isaac est égale-
ment en pleine lumière; à peine s'il est un peu plus blanc, un
peu plus ivoire. Il n'y a pas de doute à conserver : ce sont
deux reproductions par le même maître de ia même idée.
Celle de Pise esl supérieure, et, à cause de cela, probable-
ment postérieure à celle de Lyon. Il faut du reste éloigner
toute idée de copie ; les deux tableaux sont peints avec la
même verve, le même sans-gêne ; d'ailleurs une copie serait
littérale : ce sont bien deux originaux.
Par une coïncidence bizarre et qui achève de jeter une
pleine lueur sur la question, le même chœur de la cathédrale
de Pise renferme quatre tableaux d'André del Sarte, peints
sur bois, représentant des saints et des saintes, qu'on dirait
placés la tout exprès pour faire contraste en leur grâce effé-
minée et souriante, au faire abrupte du Sodoma. Ce rap-
prochement est significatif; qui aura pu le faire sera, je l'es-
père, entièrement édifié. André del Sarte ici a poussé si loin
l'art des dégradations, que la peinture en arrive à manquer