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                          ET DU MYSTICISME.                    29

au-dessous duquel la nature a été constituée. Aveugle serait
celui qui, placé, selon les belles expressions de Kant, entre
le ciel étoile st la conscience du devoir, ne saurait pas dis-
tinguer, entre ces deux ouvertures infinies, que son exis-
 tence se lie a l'accomplissement d'une fin ayant, en dehors
de la nature, Dieu même pour objet, et vers laquelle nous
marchons tous par le surnaturalisme déjà commencé de la
mort.
   Aux phrases tranchantes et aventurées que je citais tout
a l'heure, je me plais à opposer ces quelques lignes de
M. Guizof. « Le gouvernement de l'univers et du genre
« humain, a dit l'éminent penseur, est autre chose que l'en-
« semble des lois et des faits naturels qu'y observe la raison
« humaine, et des lois et des faits accidentels que la liberté
« humaine y introduit, c'esl-a-dire qu'au-delà et au-dessus
« de l'ordre naturel et humain, qui tombe sous notre con-
te naissance, est l'ordre surnaturel et surhumain que Dieu
« règle et développe, hors de la portée de nos regards (1). »
Paroles d'un grand sens et qui doivent fixer la conscience
philosophique. Tout vrai philosophe sent retentir en lui le
cri de Linnée : « 0 quam contempta res est homo, nisi suprà
« humana se erexerit. »
   il y a donc, nous ne saurions en douter, un ordre surna-
turel auquel la création et le gouvernement de l'univers
répondent. Le seul point de la difficulté est de savoir si cet
ordre surnaturel est accessible à l'homme.
   Je mé perdrais dans d'inutiles développements de ne pas
aller tout de suite à la conclusion où on est aisément con-
duit, pour peu qu'on considère la disproportion de notre esprit
aux vérités de l'ordre surnaturel qu'il s'agirait d'embrasser :
c'est que le surnaturel ne peut#pas être pour nous un objet

  (1) Guizot, Méditations et Etudes morales, préface, p. vu.