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24         .                   DU SURNATUBEL

point pour verser un jour plus abondant sur cette démons-
tration. Tous les phénomènes dont on avait fait si grand
bruit, et qui depuis près d'un siècle semblaient un permanent
défi jeté à la science, se soiit réduits a des cas d'anestbésie
ou de suspension de la sensibilité comme on en procure par
le chloroforme ou l'éther, et des cas d'hypéresthésie, c'est-
à-dire de surexcitation momentanée de certaines de nos
fonctions organiques ou de nos facultés telles que l'imagina-
tion et la mémoire. La science a recueilli une plus grande
 moisson de faits curieux et étendu son domaine. Le mer-
 veilleux s'est dissipé pour faire place a l'exacte application
 des lois du système nerveux.
    Ce qu'il faut remarquer a cet égard et ce qui est d'un bon
 présage pour que la contrebande sur la frontière du surna-
 turel soit incessamment réprimée, c'est le rôle des acadé-
 mies et des sociétés savantes. Ces corps, qui partout en
 France activent et centralisent les travaux dans les sphères
 de la science et de l'art, se saisissent de plus en plus d'une
 juridiction dont il est aisé d'apprécier les avantages. A leur
 barre comparaissent les suspects et le surnaturel est bien
 forcé d'y venir rendre ses comptes devant de véritables
 juges. C'est ce qui est arrivé au magnétisme depuis Mesmer.
 On sait le fameux rapport de Bailly qui, au nom d'une com-
 mission prise dans l'Académie des sciences et la Faculté de
  médecine en 1784, a condamné la supposition d'un fluide
  magnétique. A la même époque, l'Académie de Lyon, sui-
  vant M. Dumas, son historien, s'élevait contre les jongleries
  du mesmérisme (1). Dans ces derniers temps, l'Académie
  des sciences a maintes fois- nommé des commissions pour
  vérifier les faits extraordinaires en apparence qui lui étaient


     (1) Dumas, Histoire de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et
 arts de Lyon, t. 1, p. 178.