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10 DU SURNATUREL quelle douane y a-t-il le long de cette frontière? Le surna- turel, ne le trouvons-nous pas avant tout dans une faculté' de notre esprit parfaitement appropriée pour pouvoir le saisir ailleurs? Alors, en vérité, la médaille de 1666 aurait grand besoin d'être remise sous le balancier et refrappée avec une légende plus exacte que celle de Colbert ; car, le progrès qui y est donné pour devise a la noble Académie ne serait plus qu'un mensonger symbole, qu'un augure trompeur, si l'on ne joignait pas a l'investigation de la nature, l'étude jugée possible du surnaturel et si l'on ne complétait point paria l'ensemble nécessaire de la science. Vous le voyez, c'est un procès en forme qu'on fait a l'Académie des Sciences et à toutes les académies constituées sur le même modèle, quand on veut étendre de cette façon le contenu de la magnifique légende : Investigation et progrès. Nous portons en nous, comme chacun peut le reconnaître, un sentiment qui cherche toujours quelque secrète et impé- tueuse issue vers l'inconnu. Ce qui ne serait encore que de la curiosité, si l'attrait se redoublant, le cap étant tourné pour ainsi dire vers un autre monde, parmi de flottantes vapeurs sentblables aux brises parfumées qui allaient au- devant du vaisseau de Christophe Colomb, le sentiment dont je parle ne prenait une forme plus décidée et ne devenait ce qu'on a fort bien nommé du mysticisme. Ce sentiment, je n'ai pas la prétention d'en donner philosophiquement l'ana- lyse : il faudrait pour cela se tourner vers l'infini, avec lequel l'âme humaine, telle que Dieu l'a créée, entretient toujours une parenté cachée et d'invisibles relations, et ce serait m'engager dans une route autre que celle que je veux par- courir. Je me contente de rapporter le mysticisme à l'éveil d'une curiosité particulière qui, excepté chez un bien petit nombre, sort toujours plus ou moins du fonds abondant de