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ET DU MYSTICISME. 9 Quelque vaste portée qu'on donne toutefois a ce mot de nature, nous avons une idée qui va au-delà . Nous entendons parfaitement ce que nous disons, quand nous parlons de surnaturel. En dehors et au-dessus de la nature, nous pla- çons un règne spécial auquel nous ne faisons nulle difficulté de croire. L'embarras n'est pas ici de croire, il n'est que de définir, d'expliquer, d'adapter nos instruments de connais- sance. Qu'est-ce que le surnaturel? Serait-ce tout simplement, par une ignorance provisoire, un ordre de faits que nous n'avons pas su encore ranger sous l'empire démontré d'une loi de la nature? ou bien, comme le mot l'indique, est-ce une sphère autre que celle de la nature, une sphère supé- rieure? En ce cas, quels moyens ayons-nous d'y pénétrer? Des facultés particulières nous permettent-elles d'y attein- dre? L'esprit de l'homme compterait-il ainsi plusieurs degrés? Tandis que l'un de ces degrés nous retiendrait dans le monde de la nature, nous y ferait cultiver les sciences pro- prement dites, desservirait nos relations ordinaires et suffi- rait au menu des prosaïques et constantes nécessités du commerce de la vie, y aurait-il un degré plus élevé de l'esprit qui tout a coup forcerait les barrières d'un monde nouveau, qui nous ferait gravir jusqu'au surnaturel, qui, par cette ascension merveilleuse, nous conduirait à une vie plus parfaite que celle dont nous arrangeons, tant bien que mal, au rez-de-chaussée de la nature humaine, les conditions? Et de la sorte, nous serait-il permis de réduire en connais- sances plus hautes, en science transcendante, tout ce qui dans le monde surnaturel se serait offert a notre expérience et à notre étude? Questions dont nous avons beau nous défendre, devant la bouillante ardeur de ceux qui les posent. On somme la science de remplir tout son programme. Inves- tigation de la nature, nous dit-on, à la bonne heure. Mais qu'est-ce que la nature ? où se sépare-t-elle du surnaturel ?