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                  ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1 5 8 8 .                 429

 propositions les plus hardies, les plus anti-monarchiques se
 croisèrent au sein de l'assemblée. Etienne Pasquier, qui en
 faisait partie, écrivait au premier président de Harlay : « J a -
 mais je ne vis tel désordre comme est celui qu'on apporte
 pour donner ordre aux affaires de France... En tout ce qui se
 présente contre le roi, le chemin est aplani et sans épines.. »
 On agita d'abord si l'on procéderait par voie de résolution ou
 de simples remontrances. On allégua en faveur du premier
 parti la stérilité des précédents Etat«, et l'on fit audacieuse-
 ment remarquer que la royauté tenait tous ses pouvoirs de
l'assemblée. « A quoi servira celte réunion d'Etats, disaient
les organes de la Ligue, si les remèdes pour restaurer la
France que nous présentons dans nos cahiers ne sont pas pu-
bliés tels que nous les résoudrons sans y rien changer? Ne
savons-nous pas tous qu'aux Etats de 1577, la France espé-
rait qu'il serait prononcé sur toutes les remontrances qui fu-
rent faites, et toutefois on n'en lira point le fruit que l'on
en avait espéré, à cause des longueurs que le conseil du roi
mit à en arrêter une partie, sans rien ordonner sur la plu-
pari de nos plaintes ? Le conseil du roi pourra en user de
même dans la conjoncture actuelle, et dès lors celte assemblée
d'Etats sera aussi infructueuse que celle de 1577. Il est donc
1res nécessaire que les remèdes que nous proposons pour la
restauration du royaume ne passent point par les longues dé-
libérations du conseil, et que ce qui sera résolu par l'assem-
blée des Etals soil incontinent publié. Ne sont-ce pas les
Etats qui ont conféré aux rois l'autorité et le pouvoir dont ils
sont revêtus? Le parlement d'Angleterre, les Etals de Suède,
de Pologne, et lous ceux des royaumes voisins étant assem-
blés, ce qu'ils accordent et décident, les rois sont tenus de
le faire observer et exécuter sans y rien changer. Pourquoi
les Français ne jouiraient-ils pas de pareils privilèges ? »
    Le roi, qui vit clairement que ces prétentions ne tendaient