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DU PRINCIPE PHILOSOPHIQUE, ETC. 285 croire. Dans ces autorités, il y a de quoi rassurer les consciences les plus scrupuleuses et les plus intimidées par le fantôme du pan- théisme sans cesse évoqué devant elles. A quel point faut-il que nos adversaires aient perdu la tradition ou l'intelligence de ce qu'il y a de plus profond dans la théologie chrétienne pour ne plus voir, en cette doctrine, suivant leurs expressions consacrées, qu'un exécrable pan- théisme destructeur de toute religion et de toute morale? Par quel étrange renversement des idées et des choses, l'impiété et l'irréli- gion consisteraient-elles aujourd'hui à voir dans tous les êtres par- ticuliers la continuelle intervention de Dieu, tandisque la piété et et la religion consisteraient sans doute à croire par opposition que Dieu est placé en dehors de l'homme qui, à partir du jour de la création, continuerait à exister sans lui et indépendamment de lui ? Si, emportés par leur haine contre la philosophie, nos adversai- res, malgré toutes ces autorités, persistent à voir le panthéisme dans la doctrine de la divinité de la raison et de la participation subs- tantielle de Dieu avec le monde, nous ne pouvons exiger d'eux qu'ils changent d'opinion, mais, au nom de la logique, nous pouvons au moins les sommer de condamner cette même doctrine comme per- nicieuse et impie partout où elle se rencontre. Nous avons, au nom de la logique, le droit de leur dire: Condamnez, auathématisez ces principes non seulemeut dans Bossuet, dans Malebranche, dans Fé- nelon, mais dans saint Jean, dans saint Paul, dans saint Augustin, dans la théologie chrétienne tout entière, et alors vous n'aurez pas raison davantage, mais du moins vous ferez preuve de conséquence d'esprit et d'impartialité, et vous éviterez cette contradiction ridicule de condamner ici ce que là vous adorez. BOUILUER.