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                           A BOURGOIK.                           19

lui reprochait de ne pas s'être marié sous le nom de Rous-
seau, d'avoir, dans l'acte public, solennel, remplacé celui-ci
par un autre de son propre choix; il expliquait ainsi les mo-
tifs de cette détermination. « Ce ne sont pas les noms qui se
marient, ce sont les personnes ; et quand, dans cette simple et
sainte cérémonie, les noms entreraient comme partie consti-
tuante, celui que je porte aurait suffi, puisque je n'en recon-
nais plus d'autre. S'il s'agissait de fortune et de bien qu'il
fallut assurer, ce serait autre chose ; mais vous savez très bien
que nous ne sommes, ni elle ni moi, dans ce cas-là ; chacun
des deux est à l'autre avec tout son être et son avoir, voilà
tout. »
   L'intention de Rousseau, dans le principe, n'avait point été
de faire un très long séjour à Rourgoin, il voulait seulement y
attendre la solution de l'affaire Thevenin, et choisir, en dehors
de toutes les influences, de toutes les considérations extérieu-
res, une demeure définitive; mais le manque d'argent, des
raisons de prudence, de santé, l'y retinrent dès le début.
« Les voyages me font peur, surtout à l'entrée de la mau-
vaise saison ; lanl de cabarets et de courses ne facilitent pas
un bon établissement. « Je prends le parti de m'arrêter vo-
lontairement ici, avant que je me trouve par ma situation
dans l'impossibilité d'y rester, et dans celle d'aller plus loin. »
   Telles étaient ses réponses habituelles aux hommes qui
l'engageaient à partir, à prendre une détermination.
   Déjà âgé (il avait plus de 56 ans), atteint d'une cruelle
affection, ses souffrances anciennes prirent un caractère plus
aigu. Peu de temps après son mariage, forcé de garder la
chambre durant plusieurs jours, il fut contraint aussi par la
maladie de prendre un plus grand appartement, pouvant au
moins recevoir deux lits, il quitta sa première chambrelle, se
logea plus à l'aise, mais toujours dans le même cabaret.
   Il faisait par fois des excursions passagères à Grenoble, Ã