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 conservé en partie sa méthode; elle a longuement discuté
pour prouver que cette méthode pouvait s'appliquer aux scien-
ces noologiques aussi légitimement qu'aux sciences cosmolo-
giques. Cette prédilection pour la méthode expérimentale
n'est pas une des moindres causes qui ont empêché l'éclectis-
me de sortir de la psychologie. La seule induction ne donnera
jamais une ontologie; il n'y a pas de passage logique du r e -
latif des phénomènes à l'absolu des substances, et il faut r e -
noncer aux grandes questions de la métaphysique quand on
prend son point de départ ailleurs que dans la raison pure.
Cependant, il est impossible de méconnaître les services im-
 menses que l'école éclectique a rendus à la science dans cette
question de la méthode comme sur tant d'autres points ; on
peut la considérer comme la transition nécessaire de l'une à
l'autre des deux méthodes; si elle n'a pas voulu s'élever jusqu'à
l'emploi de la méthode ontologique, elle a fourni à la science
les moyens de légitimer cet emploi, elle a édifié les bases de
la méthode elle-même par ses admirables travaux sur f im-
personnalité de la raison. Pour que Ton put logiquement partir
des conceptions rationnelles en cherchant la science ontologi-
que, il fallait avoir établi le caractère absolu, immuable et
conséquemment divin de ces conceptions; l'école sensualiste
l'avait tout-à-fait méconnu en les faisant dériver des sens et
de l'expérience ; le rationalisme éclectique rendit à la science
la notion de leur véritable origine et de leur infaillibilité, en
achevant de tirer, sur ce point, la véritable conclusion des idées
de Platon, Descartes, Mallebranche, Leibnitz et Kant. C'est
là son oeuvre durable et son litre de gloire, car les travaux psy-
chologiques qui l'ont trop exclusivement préoccupé ont abouti
à des systèmes qui ne rendent pas compte de l'homme tout en-
tier; sa psychologie est incomplète, non pas seulement parce
qu'elle considère l'homme séparément de l'humanité, ainsi
que ses adversaires le lui reprochent, mais encore parce qu'elle