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                            LA REVUE LYONNAISE
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 et définitifs de nos actions. Cependant, quoy qu'ils facent, je jouiray
 par provizion, de toutes mes prétentions, qui gisent au seul conten-
 tement que j'ay d'avoir si hardiment exécuté mon dessein et si
 doucement trompé une partie de mon loizir. »

     Ce qui veut dire que l'homme de lettres, le savant et l'artiste, se
  trompent lourdement et vont pour l'ordinaire au-devant de cruelles
. déceptions, s'ils poursuivent, comme but principal de leurs travaux,
 la gloire, la fortune ou les honneurs, qui sont le lot d'une infime
 exception, et non le contentement intérieur que la sagesse divine a
 mis à la portée de tous.




   L'étude et les champs bénéficièrent des mécomptes que Chris-
tophle trouva du côté des hommes. Le passage suivant de la Semaine
(chant IIIe) peut être considéré comme un tableau fidèle de ses
habitudes d'isolement et de ses goûts champêtres :

        Que puissay-je toujours, content de ma fortune,
        Loin des flottans hazards du muable Neptune,
        Loin des bruits citadins, loin, bien loin de la Cour,
        Misérable splendeur, des flatteurs le séjour,
       Loin de l'ambition et loin de l'avarice,
       La rouille des vertus, la racine du vice,
       Savourer l'heur des champs, non pour suivre la train
       De tes ignobles Roys rayant le champ romain,
       Car ce suant labeur, quoy que ta Muse en chante,
       (Bartas) est du péché la peine renaissante.
       Le champ, sans cet arrêt sur nos crimes donné,
       Eust prodigué ses dons, sans estre éguillonné,
       Toujours, toujours la plaine eust fourni de pasture,
       L'herbe de lict molet, les vapeurs de vesture,
       Les prez eussent toujours, de fleurs camelotez,
       Rempli le nez d'odeurs, rempli l'Å“il de beautez,