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                LA TERRE PLUS VIEILLE Q.UE LE SOLEIL                  327

dont je vous parle y trouvera une digne place. Et M. Faye, je m'em-
presse de le dire, est à ranger dans la classe des savants dont j'ai parlé
en second lieu. Qu'il me suffise, pour le prouver, de vous lire une
portion de la préface de son beau livre : Sur l'origine du monde.

    « Ce qui nous frappe, lorsque nous levons les yeux au ciel, ce qui
nous arrache un moment au cercle des préoccupations matérielles,
ce qui éveille en nous la pensée avec l'admiration, c'est la douce
clarté du jour, c'est ce soleil radieux qui nous mesure sa lumière
et sa chaleur en animant la nature entière, ce sont ces étoiles qui
ponctuent si gracieusement de leurs feux la voûte du ciel, et font
succéder, à l'excitation du jour, le calme et la sérénité de la nuit.
Nous admirons les mouvements réguliers des astres, leurs retours
qui ne manquent jamais. C'est là, pour nous, la première des
conditions d'existence, car notre vie matérielle ne tient qu'à un
fil dont le bout est là-haut. Et, pour sentir cette vivifiante poésie,
il 'n'est pas besoin de science. Peu importent les rouages et les
mystérieux ressorts de ce vaste univers. L'impression immédiate
et la réaction intellectuelle qui s'ensuit sont les mêmes chez le
savant et chez l'ignorant, aujourd'hui comme il y a dix mille ans.
    « Cette impression, toute vague qu'elle paraisse, quand j'essaie
lourdement de l'analyser, suffit. Nous sentons, pour ainsi dire,
notre pensée s'élever jusqu'à la notion du monde supérieur aux
petites choses qui nous entourent. Nous contemplons, nous con-
naissons, au moins dans sa forme immédiatement saisissable, ce
monde qui, lui, ne connaît rien. Ainsi il y autre chose que les
objets terrestres, autre chose que notre propre corps, autre chose
que ces astres splendides : il y a l'intelligence et la pensée.
   « Et, comme notre intelligence ne s'est pas faite elle-même, il
doit exister, dans le monde, une intelligence supérieure d'où la
nôtre dérive. Dès lors, plus l'idée qu'on se fera de cette intelli-
gence suprême sera grande, plus elle approchera de la vérité.
Nous ne risquons pas de nous tromper en la considérant comme
l'auteur de toutes choses, en reportant à elle ces splendeurs des
cieux qui ont éveillé notre pensée, et, finalement, nous voilà tout