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                  FRANÇOIS COPPÉE ET SES ŒUVRES                      2)1

Å“uvres; le vers est plus ferme, l'expression plus exacte, l'image
plus noble, sans tomber dans la solemnité des derniers classiques.
Lui-même, dans sa jolie pièces de circonstance intitulée la Maison
de Molière, n'a-t-il pas fait du Théâtre français l'asile inviolable des
vraies traditions de notre langage? C'est avec une sorte de pieuse
émotion que les acteurs, s'adressant au public par sa voix, rappellent
leur mission de défenseurs du goût, mission que leur ont léguée
leurs prédécesseurs et à laquelle ils entendent rester fidèles :

            Lekain, Mars ou Rachel n'ont-ils pas tout comme eux
            Conservé, pur de toute influence mauvaise,
            Le charme et la grandeur de la scène française ?
            Et, comme nos anciens, sommes-nous pas encor
            Les gardiens vigilants du noble et cher trésor ?
            N'avons-nous pas servi cette langue chérie,
            Qui mieux qu'un étendard résume la patrie,
            Ce doux langage auquel on ne renonce pas
            Là même où l'étranger force à le parler bas ?

   La Guerre de cent ans est moins une pièce qu'une étude. C'est une
série de scènes patriotiques auxquelles le moyen-âge sert de cadre,
et derrière l'Anglais qui n'est ici qu'un prétexte, il faut voir l'ennemi
qui foula notre sol en 1870. Il y a de la vie, du mouvement, ce
sentiment généreux qui fit le succès du monologue célèbre des Bijoux
de la Délivrance ; surtout la préoccupation si légitime de maintenir en
notre société légère le souvenir de nos désastres et le souci de les
réparer.
   Madame de Maintenon est une véritable tragédie, en dépit de ce
prologue qui place vingt ans avant l'action la scène d'exposition,
tout à fait comme dans ces drames de la Porte Saint-Martin, dont
un prologue était, vers 1840,Tavant-coureur presque obligatoire.
L'histoire aurait à faire ses réclamations sur le sujet lui-même. La
cérémonie furtive de l'hymen du grand roi ne fut point précédée
d'une tragédie, et il n'y eut point de sang sur les marches du tout
petit autel où la veuve de Scarron reçut la foi de Louis XIV. Ce
mariage se prépara insensiblement, presque à l'insu de ceux qui
devaient le contracter. Le sentiment qui les entraîna l'un vers l'autre