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                         I.K SALOX DJ- 1885                         213

de ce temps, et c'est pourquoi je me hasarde à parler sévèrement,
non de cette œuvre, dont je ne vais pas jusqu'à nier la virtuosité et
la hardiesse, mais des honneurs qu'on lui rend, honneurs intem-
pestifs, et auxquels la gloire du peintre n'aura rien à gagner.
   J'aurais préféré assurément voir faire les honneurs de nos galeries
publiques à M. DEBÀT-PONSAX, dont le Labourage d'automne en Gas-
cogne (209) est une des meilleures choses du Salon. Le groupe du
laboureur et des bœufs s'enlève bien sur les terrains qui fuient en
colline jusqu'à l'horizon, sous un ciel gris dont le vent balaie les nua"
ges. La blouse blanche du paysan et la flamme d'un feu de bois mort,
allumé dans un coin du tableau, éclairent la tonalité brune de l'en-
semble. C'est franchement dessiné, largement et solidement peint.
   Très bons aussi les deux paysages de M. SMITII-HALD, Solitude
(579) et Soir (580). Lequel est le Soir, et lequel est la Solitude? Le
livret me paraît s'être trompé dans l'indication des sujets. Dans l'un,
au milieu d'un humble cimetière de village, dont les petites croix de
bois disparaissent sous les floraisons du printemps, un grand vieillard
à cheveux blancs, debout, la tête découverte, les mains croisées, est
venu prier sur la tombe de son enfant. Dans l'autre, sur les bords
blanchis par la neige d'un fiord norvégien, debout aussi au milieu
du cadre, près de sa barque que balance l'eau tranquille du golfe,
un vieux pêcheur allume mélancoliquement sa pipe. Un grand
sentiment poétique anime ces deux toiles.
   Le grand paysage maritime de M. Jean-Marie ZUBER, les Cher-
 heurs de Manie à marée basse, dans l'anse de Dinird (637), d'une
tonalité grise, demande à être bien examiné pour plaire. J'en dirai
autant d'un autre paysage maritime de M. Victor DEROCHF., le Port
du Croloy (214), qui, à raison même de ses tons un peu ternes,
aurait demandé à être mieux éclairé. La petite flotille qui occupe la
gauche du tableau est bien dans l'air, et le paysage a une grande
 profondeur.
   Au premier plan, des rochers; au second plan, des sapins; dans
le fond, noyées dans une brume lumineuse, les grandes cimes blan-
 ches des Alpes; au travers de la toile, un torrent court et se brise en
 écumant. Ceci s'appelle le Lolsrhrntbal (391), et est signé LORTT.T.