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346                     LA REVUE LYONNAISE

animé d'une piété profonde, mais sans esprit de secte, car, si elle
ne contenait pas deux pièces dédiées à deux notabilités calvinistes
(Simon Goulart et Michel le Faucheur), on pourrait aussi bien
la croire écrite par un fervent catholique que par un ardent hu-
guenot.
   Colletet termine par les lignes suivantes la notice consacrée à
notre poète :
   « Il mourut dans son pays natal, à peu près âgé de quarante-cinq
ans, conséquemment environ l'année 1621, faisant profession de la
religion prétendue réformée, comme je l'ay sceu véritablement
depuis, et dont on doit estre fasché, puisque c'est dommage qu'un si
grand homme et si fortement porté à la piété, comme il l'a fait voir
par tant d'ouvrages qui vivront éternellement, ne soit pas mort dans
le sein de l'Église romaine. »


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   Les sympathies politique» de l'auteur sont nettement accentuées
dans son premier ouvrage. Les horribles souvenirs de la guerre civile
étaient encore présents à tous les esprits et il n'est pas étonnant que
Christophle y ait puisé quelques traits un peu vifs. On sait que le
Languedoc ne fut entièrement pacifié qu'en 1596 par le duc Anne
de Ventadour, et dom Vaissete constate que le roi d'Espagne prati-
quait encore, l'année suivante, des intelligences à Narbonne, Béziers,
Agde, Lyon et Marseille, en vue d'un nouveau soulèvement. Le
Jardinet de poésie et la Semaine ne portent plus de traces de préoccu-
pations politiques, mais les Pescheries, inférieures, d'ailleurs, comme
mérite littéraire, aux deux autres ouvrages, sont, à ce point de vue,
curieuses à étudier. Les maux récents et les appréhensions de l'heure
présente y sont retracés dans une forme pittoresque et souvent avec
une grande vigueur dépensée et d'expression. Le dialogue, intitulé :
Les simples marins, fait apparaître la France sous la forme d'une
femme malade :