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                         LA
194                           REVUE LYONNAISE

laborieusement une modeste fortune, qui s'accrut sensiblement dans
les dernières années du siècle précédent, pour disparaître dans l'orage
de la Révolution. A l'Assemblée des Trois Ordres, à Lyon, en 1789,
deux frères d'Arnal figurèrent parmi les députés de la noblesse,
c'étaient Jacques-François et Jean-Baptiste d'Arnal. Ce dernier fut
le propriétaire du barbet, bien connu à Lyon sous le nom de Lubin,
vers 1810, et l'aîné fut le chantre qui s'inspira des vertus de cet
épique caniche. J'ai déjà eu l'honneur de recommander Lubin aux
lecteurs de la Revue lyonnaise, dans une note compendieuse ajoutée à
l'extrait des Souvenirs de M. H.-A. Brolemann, sur les événements
 de 1816 à Lyon (tome IV, p. 417), à l'aurore des Cent Jours.
    J'ai montré, dans cette note, comment ce chien trop intelligent,
trop attaché à son maître, le dénonça, caché qu'il était dans une
 retraite obscure, se dérobant jusqu'alors avec succès aux réquisitions
 d'un aide de camp de l'Usurpateur, (expression contemporaine,) par
 ses jappements significatifs. Les suites de cette dénonciation de Lubin
furent désastreuses pour la Banque de Lyon, dont M. d'Arnal était
 directeur. Il fut contraint, sous les plus dures menaces, de livrer un
 million contre reçu à l'officier de l'Empereur, et ce fut avec cette
forte somme que Napoléon gagna Paris, et que Sa Majesté l'Empe-
 reur et Roi, (expression également contemporaine,) rentra dans son
palais des Tuileries. Après les Cent Jours, le Comptoir d'Escompte
 ou Banque de Lyon, fut obligé de « liquider. »
    Tout cela parce que le barbet Lubin avait trahi par ses tendres
appels la cachette où son maître avait abrité le secret de sa caisse et
sa responsabilité de directeur.
    Après cette trop longue digression explicative, j'en reviens à la
 Lubinade.
    Ce poème comporte trois chants. Il fut imprimé par je ne sais
qui, mais de façon fort satisfaisante, pour le libraire Bohaire, rue
Puits-Gaillot, n° 26, à Lyon, — 1808. Quand je dis pour Bohaire,
il n'en dut pas vendre beaucoup, car M. d'Arnal distribua à peu près
l'édition à ses amis. Il n'en fut guère tiré, au surplus; cette pla-
quette de 16 pages in-12 étant rarissime. Je n'en ai qu'un exemplaire,
et je crois peu m'avancer en offrant cinquante francs à qui m'en pro-