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         LA VIE ET LES OPINIONS DE CHR1STOPHLE DE GAMON                         337

   Le procès en question est donc un de ces procès de succession
qui divisent tant de familles. On a vu que, lors du mariage de Théo-
dore, en 1596, une somme de cinq cents écus, versée par le père de
la fiancée, devait être remise à Achille, pour servir à la légitime de
Christophle. L'acte de mariage de Mondon ne porte aucune réserve
pareille, et de là, sans doute, des réclamations de Christophle, aux-
quelles Mondon répondit par une demande d'inventaire, comme
l'avait fait Jeanne Massabœuf à l'égard de sa sœur Madeleine, qu'elle
trouvait trop avantagée par le testament de leur mère, Anne Rome.
Il est certain que les trois autres enfants avaient été mariés et dotés
par leurs parents. Achille meurt en décembre 1597, après un testa-
ment mutuel, c'est-à-dire après avoir tout donné à sa femme.
Celle-ci ne lui survécut que deux ans. Quelles dispositions avaient
été prises pour sauvegarder les intérêts de Christophle ? C'est ce que
nous ignorons. Mais le silence absolu que Christophle, dans tous ses
écrits, garde sur ses frères, est encore un indice à l'appui de notre
supposition, que des démêlés de famille furent la source principale
de ses ennuis judiciaires et de la perte de sa fortune.
   Quelle était la profession de Christophle? D'après les auteurs des
Nouvelles recherches sur la France, il était avocat, comme son père. On
ajoute que son frère Théodore était homme de lettres, comme lui, et
l'on va jusqu'à lui attribuer la paternité du Jardinet de Poésie, assertion
qui n'a pu être avancée que par des personnes qui n'avaient jamais
vu ni cet ouvrage, ni les autres poèmes de Christophle. (1)
   Une note manuscrite, de la main du marquis de Paulmy d'Argen-
son, qui se trouve en tête de l'un des exemplaires de la Semaine
possédés parla Bibliothèque de l'Arsenal (i r e édition deLyon, 1609),
dit que Gamon était alchimiste, mais la suite de cette note semble
indiquer que M. de Paulmy a voulu simplement dire que Gamon


  (1) L'abbé Filhol mentionne deux sonnets, inscrits sur le Livre-Rouge de l'hôpital
d'Annonay, comme étant de Théodore. Le Livre-Rouge ayant disparu ou ayant
péri dans l'incendie de 1870, il nous a été impossible de vérifier si ces deux sonnets
ne sont pas, comme nous le présumons, de simples copies de la Muse divine, qui
en contient quarante-cinq.
            H» 53. -   Mai 1885.                                    2'2