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LA REVUE LYONNAISE Et voulut supprimer le culte des aïeux. Dans les temples, changés en noires tabagies, Des orateurs de club, grotesques, odieux, Flattaient la populace; et d'infâmes orgies Attiraient la canaille où Ton priait jadis. Les ignorants trompés devenaient fanatiques, Et, pendant qu'en triomphe on portait des bandits, Les prêtres, égorgés sur les places publiques, Comme au temps de Néron, bénissaient leurs bourreaux, Et tombaient au milieu des cris et des blasphèmes. D'ineptes scélérats parcouraient les hameaux, Hurlant des chants impurs, effaçant les emblèmes Révérés jusqu'alors, et renversant les croix. Ils troublaient le repos des morts, au cimetière, Violaient en riant les plus sacrés des droits, Défendaient la pitié, proscrivaient la prière, Et devant eux faisaient trembler les gens de bien Enlacés dans les plis de leur espionnage. En messidor, un jour de l'an deux, un vaurien,— Naguère méprisé de tout le voisinage, Mais alors délateur et clubiste important, — Sortit d'un cabaret avec ses acolytes, Sans-culottes, venus de la ville et portant Les basses passions sur leurs faces écrites. « Citoyens, » leur dit-il, « puisque la nation Nous regarde, montrons notre patriotisme. Le peuple libre hait la superstition Qui de Capet-Vélo soutint le despotisme, Dépouille les couvents, chasse les calotins, Fond les cloches, et vend à bas prix les églises,