page suivante »
402 LA REVUE LYONNAISE Notre terre est comprise dans le premier système : elle est donc beaucoup plus ancienne que le soleil. La terre, à ce moment de son histoire, que la Genèse appelle le « premier jour, » formée de subs- tances gazeuses incandescentes, était lumineuse par elle-même, en face, peut-être même au milieu d'un soleil encore à l'état nébuleux, qui ne méritera le nom d'astre du jour que bien après. Bientôt ce globe de feu (la terre), mal défendu contre le refroidissement par ses faibles dimensions, dut passer par l'état liquide et devenir un sphéroïde légèrement aplati, où les matières étaient superposées par ordre de densité. A la surface d'un tel noyau devaient s'accumuler les substances les plus légères, formant une écorce cristallisant avec une puissance proportionnelle à l'immense pression de son atmos- phère. Une fois cette écorce suffisamment refroidie, l'eau des mers s'y condense d'abord en couche continue. C'est la « deuxième jour- née, » la deuxième époque du récit de la Genèse. Mais bientôt, par suite du progrès du refroidissement de la masse interne, l'enveloppe se ride, et des inégalités surgissent, formant les premiers noyaux, longtemps aussi peu étendus que peu stables, des masses continentales. C'est le « troisième jour » de la Genèse. Or, nous remarquons que, dans cette même troisième période, apparaissent les herbes et les arbres portant leurs fruits. Les consé- quences de la théorie nouvelle ne sont pas moins remarquables à ce point de vue. Les géologues ont, depuis ces dernières années sur- tout, cherché à expliquer les diverses manières, certaines périodes absolument singulières de l'existence de notre planète, notamment l'époque houillère. Comment, en effet, se rendre compte d'un état où un même climat tropical, nullement plus chaud que celui de la zone équatoriale actuelle, s'étendait à tout le globe à la fois, d'une époque où, par suite d'une répartition presque égale d'une douce chaleur, et surtout d'une lumière équivalente, les portions de la terre émergée, presque entières, se sont couvertes d'une immense végétation, comparable à une vigoureuse moisissure? « Dans de telles conditions, une seule hypothèse est admissible, » s'écrie M. de Lapparent, dans une belle conférence faite dernièrement à la Société de Géographie, « c'est celle proposée par M. Blandet, acceptée depuis