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338                       LA R.EVÙE LYONNAISE
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avait le tort de croire à l'alchimie et non pas qu'il en faisait sa pro-
fession.
   « Trouvant la Semaine de du Bartas trop simple, » dit cette note,
« Gamon l'a critiquée par une Semaine remplie d'astrologie et de phi-
losophie hermétique. Il a fait un Jardinet de Poésie, qui contient un
nombre de pièces très ridicules, le Trésor des Trésors, cité par l'abbé
Lenglet, dans sa Philosophie hermétique. »
   Nous aurions bien quelques réserves à faire sur le ton dédaigneux
avec lequel l'illustre fondateur de la Bibliothèque de l'Arsenal parle
de l'alchimie et du Jardinet de Poésie, mais ce n'est pas ici le lieu, et
la chose viendra plus naturellement à propos de ce dernier ouvrage.
Constatons, en attendant, qu'à part le Trésor des Trésors, une œuvre
de première jeunesse, les poésies de Gamon n'indiquent nullement
qu'il se soit occupé d'alchimie, autrement qu'en théorie, et qu'il ait
jamais mis la main aux fourneaux.
   Il est probable qu'il en est de même des fonctions d'avocat qu'on
lui attribue. S'il en a eu le titre, on peut raisonnablement douter
qu'il en ait exercé la profession. Sa tournure d'esprit, ses études, les
voyages que ses Å“uvres font supposer et jusqu'aux ennuis judiciaires
dont il se plaint, sont autant de raisons à l'appui de notre manière
 de voir. On aurait, d'ailleurs, de la peine à comprendre qu'un avocat
 eût écrit et publié les vers suivants, qui se trouvent au sixième dia-
logue des Pescheries :

          Si, dans le large enclos du royaume Gaulois,
          N'estoient aussi vénaux les gouverneurs des loix ;
          Et l'avocat sueux qui baaille d'avarice,
          Qui porte un front sans front cajolant la justice,
          Ne souffloit harceleux des mensonges si gros;
          Si sa bouche japarde il n'enfîoit de propos
          Monstrueux d'ignorance ; et le venteux vulgaire
          Le parler processif n'avoit point si vulgaire !
          Nous ne verrions, chetifs ! tant de débats féconds,
          De palais enrouez ni de chams inféconds

 Mais ses deux frères, Mondon et Théodore, étaient avocats! Com-
ment douter, après les vers ci-dessus, qu'il ne fût déjà, c'est-à-dire