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330                     LA REVUE LYONNAISE

essayer de donner en quelques mots une idée de la théorie nouvelle
de M. Faye et des circonstances qui l'ont amenée.
   Descartes avait essayé d'expliquer l'agglomération des matières cos-
miques, la formation des nébuleuses et, par conséquent, des mondes,
par une théorie que tout le monde connaît, au moins en substance,
sous le nom de théorie des « tourbillons. » C'était, en somme, une
hypothèse qui donnait l'explication ou plutôt qui rendait compte à
peu près des phénomènes alors connus. C'était une théorie presque
entièrement mathématique, résultant des prémisses suivantes : « Dieu
a créé, au commencement, une quantité de matière à laquelle il a
communiqué une quantité fixe de mouvement. » Mais une grande
masse de faits manquaient pour expliquer certaines difficultés:
   Le système des tourbillons, malgré l'adhésion des plus illustres
de son siècle, Huggens, Leibnitz, Bernouilli, fut déclaré faux, qua-
rante ans après, par Newton. Mme Conduit, la jolie nièce de Newton,
racontait à Voltaire que, à l'âge de vingt ans, son oncle avait com-
mencé à lire les œuvres de Descartes, en les annotant. Fatigué d'avoir
à écrire en marge, presque à chaque page : Error, le jeune homme
avait fini par jeter le livre. Cette anecdote, vraie ou fausse, peut
servir de préface à cette lutte célèbre qui commença dès lors entre
les partisans des deux théories. Car Newton avait inventé une
théorie nouvelle, celle de la gravitation universelle qui assimilait
les lois qui régissent les astres aux phénomènes de la pesanteur
qu'on observe sur la terre. L'immortel ouvrage de Newton fut
 accueilli en Angleterre avec un enthousiasme qui finit par se com-
muniquer au monde entier.
    Et il y avait certes bien de quoi ! Newton démontrait à la fois
 que la force attractive, en tant qu'elle est exercée par la lune et le
soleil, est celle qui déforme la figure des mers et produit les marées.
 C'est elle encore qui détermine l'applatissement du globe terrestre.
 C'est elle qui trouble cette même rotation et donne naissance à là
 précession luni-solaire. C'est l'attraction du soleil qui trouble les
 mouvements de la lune autour de la terre. Enfin les lois de l'attrac-
 tion justifient les mouvements des planètes. Les comètes elles-mêmes
 ne sont plus des astres errant au hasard ! Jamais pareille masse