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               LA TERRE PLUS VIEILLE QUE LE SOLEIL                 331

de vérités, démontrées mathématiquement pour leur accord avec les
observations de toutes les époques, n'avait été présentée d'un seul
coup au monde. Presque tous les problèmes de l'astronomie restés
en suspens depuis tant de siècles, recevaient à la fois leur solution.
Le vague système des tourbillons devait disparaître devant la splen-
deur de ce merveilleux ensemble.
   Or nous tombons ici à l'un des points les plus intéressants dans
l'histoire des sciences.
   Toutes les affirmations de Newton avaient été vérifiées par ses
nombreux disciples. Laplace, principalement, avait tout soumis à
une puissante analyse mathématique, et n'avait rien trouvé qui pût
contredire la théorie de son maître. A peine y avait-il signalé quel-
ques lacunes, laissant au temps et aux recherches reposant sur des
observations nouvelles, le soin de les combler. Au nombre des
exigences de cette vaste théorie se trouvait celle-ci : toutes les pla-
nètes et leurs satellites qui forment autour d'elles un système de
mondes secondaires, doivent être animées d'un mouvement de
rotation et de circulation dans le même sens, et, qui plus est,
direct.
   L'observation des six planètes alors connues, savoir : Mercure,
Vénus, la Terre, Mars, Jupiter et Saturne, confirmait pleinement
les exigences du calcul. Laplace appliquait à cette question le calcul
des probabilités. Il proclamait que, si l'on venait à découvrir un
nouveau satellite ou une nouvelle planète, il y aurait des milliers de
milliards à parier contre un que la circulation de ce satellite ou la
rotation de cette planète serait directe comme toutes les autres. Il
ajoutait même que cette probabilité était bien supérieure à celle des
événements historiques que nous acceptons avec la plus entière
confiance.
   Les perfectionnements apportés par l'industrie moderne à la con-
fection des lunettes et des miroirs de télescopes fit découvrir depuis
deux planètes nouvelles, Uranus et Neptune. Mais la joie des astro-
nomes ne put pas être sans mélange à la nouvelle de cet accroisse-
ment de famille. Un véritable sentiment de déception, peut-être de
terreur, dut s'y mêler. Ces deux nouvelles sœurs de la terre tour-