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    268                        LA REVUE LYONNAISE

      Cette pièce est une des œuvres les plus remarquables que l'art du
   médailleur ait produites en France, et il n'y a vraiment qu'un seul
   homme avec lequel aille de pair l'auteur de cette médaille qui était
   inconnu jusque dans ces derniers temps, ( i ) Guillaume Dupré a
   sans doute une habileté de main incomparable, mais on ne peut pas
*> dire que le maître I. R. lui soit inférieur pour le style, le goût, l'élé-
   gance et la simplicité de l'exécution.
      Le nom du maître I. R. était ignoré encore récemment; il nous
   a paru qu'il était possible de découvrir ce nom, et que la solution
   de ce petit problème n'offrait pas de sérieuses difficultés.

       En 1613, Marie Vignon n'était plus la dame de Moirans (la terre
    de Moirans appartenait au maréchal de Lesdiguières) ; elle avait
    reçu de celui-ci un autre titre qui était éteint, mais qu'on s'était plu
    à regarder comme dépendant de la seigneurie de Treffort. Lesdi-
    guières était très attaché à cette jeune femme, et les contemporains
    reconnaissent quelle « grande créance » elle lui avait inspirée et
    comme « elle avait adroitement ménagé son esprit ». C'est à cette
    époque que s'élevait le château de Vizille, dont la construction,
    commencée en 1611, devait durer jusqu'en 1620, et, si nous ne
    sommes pas certain que Richier ait donné, comme le veut la tradi-
    tion, les plans de l'édifice, nous savons qu'il fut chargé des travaux
    de décoration; nous savons aussi qu'il était le sculpteur en titre
    d'office du duc.
       Le médaillon a été fait en 1613, très probablement à l'époque
    où Lesdiguières se préparait à passer en Italie pour aller au secours
    du duc de Mantoue attaqué par le duc de Savoie. Cette guerre de
    Montferrat, dans laquelle la France et l'Espagne pouvaient être aux
    prises, aurait retenu longtemps le maréchal loin du Dauphiné.
       Un seul homme pouvait faire l'effigie de la marquise de Treffort ;


       (1) Nous avons consacré à Jacob Richier une brève notice dans notre travail
    qui porte pour titre : Les sculpteurs de Lyon du xive au xvme siècle, et qui a été
    publié en 1884 ; dans ce travail, nous avons signalé, le premier,-ce maître comme
    l'auteur de la médaille de Marie Vignon (p. 41 et 42).