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        FRHRÇOIS                      COPP€€
                         ET SES       Å’UVRES


                  L y a plusieurs moments propices pour étudier un
                   poète. La critique peut le prendre à ses débuts, et
                   généralement elle n'est point alors avare de ses
                   conseils. Elle peut, en pleine connaissance de
                   cause, juger son œuvre totale lorsqu'il appartient à
l'histoire : la critique prétend alors rendre des arrêts ; la postérité,
il est vrai, se charge souvent de réviser ou de casser la sentence.
Mais il est, dans une carrière de poète, un point privilégié, fait
exprès pour tenter la critique : c'est celui où les succès obtenus
ont consacré une réputation, où les grandes lignes se dessinent; où
cependant le passé, tout en garantissant l'avenir, semble ménager
des surprises et préparer des révélations inattendues. Au plaisir
d'être juge se mêle la tentation d'être un tant soit peu prophète :
double attrait pour cette vanité contre laquelle tout écrivain proteste
et dont il est toujours plus ou moins coupable.
  C'est à ce moment que semble parvenu M. François Coppée.
L'Académie française vient de lui ouvrir ses portes. La fortune, qui
a sa large part dans l'attribution des successions académiques, l'a
royalement servi en lui donnant un fauteuil illustré par deux grands
poètes, Alfred de Musset et Victor de Laprade. Le public accueille
ses vers avec une faveur qui ne fait que s'accroître, et le théâtre,,
qui, plus que la poésie intime et personnelle, porte au loin le nom
d'un auteur et lui crée une renommée immédiate, enregistre un
          K" j i , — Mars 1885.                           I I