Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
58                           LA REVUE LYONNAISE

des religieuses de l'abbaye de Saint-Pierre, il a été inconnu de nos historiens les
plus laborieux et les plus érudits. Paradin, Rubys, Severt, Menestrier en ont
complètement ignoré l'existence, et nos contemporains ne l'ont pas connu
davantage.
   Ce recueil de documents leur eût fait éviter pourtant bien des erreurs, qu'il a
été impossible de soupçonner jusqu'à ce jour. Il est facile de comprendre, en effet,
combien de renseignements utiles peut fournir une liste de bienfaiteurs, qui s'étend
du IXe au XVe siècle, et qui comprend, par conséquent, la période, pendant laquelle
les documents historiques sont les moins abondants, alors surtout que ces bien-
faiteurs appartiennent aux familles, dont le nom apparaît à chaque page de l'his-
toire de nos provinces, au Moyen Age.
   Ces données historiques nous sont fournies, d'ailleurs, non seulement par le
texte même du nécrologe, mais encore par les notes, pleines d'érudition, qui l'ac-
compagnent et l'éclairent d'une vive lumière.
   On sait, en effet, que nos anciens Obituaires sont rédigés sous une forme trop
concise, pour que les érudits eux-mêmes puissent les consulter toujours avec fruit,
si l'on n'a soin de les accompagner d'éclaircissements indispensables. Ainsi,
fréquemment, les noms de lieux modernes sont difficilement reconnaissables
sous la forme latine employée par les scribes du moyen âge. C'est là un pre-
mier travail de restitution qui s'impose à l'éditeur, auquel une connaissance
parfaite de la topographie locale est aussi indispensable que celle des lois phi -
lologiques qui ont présidé aux transformations subies par nos anciens noms de
lieux.
   Une autre tâche n'offre pas moins de difficultés. Aucune date n'accompagne les
noms des bienfaiteurs inscrits au nécrologe. C'est encore là une lacune qu'il con-
vient de remplir, dans la mesure du possible. Or, si ce travail exige souvent de
laborieuses recherches, il n'est pas moins vrai que, pour M. Guigue, le résultat
cherché est presque toujours atteint, tant les documents de nos archives lui sont
familiers.
   Pour faire comprendre comment, de ce rapprochement de documents, emprun-
tés à des sources multiples, jaillit sur les points les plus obscurs, une lumière
inattendue, deux exemples nous suffiront :
   Tous les Lyonnais connaissent le vieux porche de l'église de Saint-Pierre, l'un
des rares monuments de l'architecture romane, que possède notre ville. Mais, jus-
qu'à ce jour, l'époque de sa construction était demeurée inconnue, et pendant que
les uns l'attribuaient au xie siècle, d'autres la faisaient remonter jusqu'au temps
de l'archevêque Leidrade.
   Personne n'était dans le vrai. Mais ce problème archéologique est résolu
 aujourd'hui. L'Obituaire de Saint-Pierre est venu d'abord préciser un point de la
 question, en attribuant positivement cette construction à l'abbesse Rollinde : « Le
 jour des ides de juin, porte le nécrologe, mourut l'abbesse Rollinde, qui fit bâtir