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                               BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE                           59
l'église de Saint-Pierre, et donna à ladite église la somme de soixante et dix sous
pour son anniversaire. » (V. p. 34.)
   Ce n'était pas tout cependant; car il restait à connaître l'époque à laquelle vivait
l'abbesse Rollinde. Mais deux documents, déjà publiés dans l'Obituaire de l'Église
de Lyon, nous apprennent qu'elle était contemporaine de l'archevêque Guichard,
qui occupa le siège archiépiscopal depuis l'année 1165 jusqu'en 1180 (1).
   Bien plus, M. Guigue nous donne le texte d'une lettre en date du 14 août 1173,
par laquelle ce prélat recommande vivement au clergé de son diocèse de favoriser
les qtlêtes pour la reconstruction de l'église de Saint-Pierre que vient d'entre-
prendre l'abbesse Rollinde, parce que ce monument tombait en ruines (2).
   Il résulte ainsi de tous ces documents qu'il faut reporter, avec toute certitude,
la construction du portail de Saint-Pierre à la fin du xn e siècle.
   Le second exemple s'applique encore mieux à l'histoire du monastère. Tous les
auteurs, qui ont essayé de nous donner la liste des abbesses de Saint-Pierre, l'ont
copiée, sans aucune critique, dans la Gallia Christiana. Malheureusement, les
savants auteurs de cet ouvrage avaient été induits en erreur par une religieuse de
l'abbaye qui, en leur communiquant cette liste, avait appliqué, sans preuve aucune,
à chaque abbesse, des dates complètement erronées.
   Une étude attentive des documents, conservés dans nos archives, a bientôt
démontré à M. Guigue que ce travail était à refaire en entier. Plusieurs abbesses
doivent être retranchées absolument de cette liste, pendant que d'autres ont vécu
plus d'un siècle après celui que leur assigne la Gallia Christiana.
   A cet égard, il suffit de comparer la liste des abbesses, dressée par M. Guigue
avec celle publiée, en 1846, d'après les manuscrits de Cochard, dans le supplé-
ment aux Masures de l'Isle-Barbe, pour se rendre compte de l'importance.et de la
valeur de ce travail de critique historique qui s'impose, avec toute l'autorité que
fournissent les documents originaux et authentiques, aux historiens qui essaye-
ront désormais d'écrire l'histoire du monastère de Saint-Pierre.
   Mais ce serait se tromper grandement que de croire que l'Obituaire de Saint-
Pierre fournit des renseignement seulement aux historiens de la royale abbaye.
Nous y retrouvons aussi plus d'une révélation curieuse et inattendue sur les temps
les plus reculés des annales de nos provinces, de même que sur l'histoire de nos
vieux châteaux et de nos plus humbles villages. Ou peut de même y puiser des
renseignements précis et indiscutables sur les produits du sol, aussi bien que sur
l'état des arts et de l'industrie, au moyen âge, c'est-à-dire sur les faits les plus
intéressants de l'histoire de la civilisation et de l'économie politique.




  (1) Obituarium Lugdunensis ecdesiae, p. 174, note 2 et 177.
  Il) Obituaire de l'abbaye de Saint-Pierre, p. 34, note 1.