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388                    HENRI HIGNARD




                               I


                         École Normale, 24 octobre 1838.


  "Comme je te l'avais annoncé, ma mère, je suis entré
 lundi soir; j'ai passé ma première nuit à l'École, nuit où je
 n'ai guère dormi, car, tu le sens, je devais être bien agité.
 Hier, contre mon espérance, on nous a laissé sortir à midi ;
 mon père qui venait me voir m'a emmené avec lui dîner chez
 M. Chablier. Maintenant je suis beaucoup plus calme. Je
 commence à m'habituer à l'école; elle n'a rien de bien
 effrayant ; cependant je sens qu'il me faudra du courage,
 et beaucoup de courage; mais j'espère que Dieu, qui ne m'a
jamais abandonné, m'en donnera encore cette fois.
 ; J'ai été très bien accueilli par quelques jeunes gens'des
années précédentes qui ont vu en moi un catholique. Tous
sont de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, et c'est une
raison de plus pour me lier avec eux. Nous en avons beau-
coup causé ; ils m'ont donné sur la manière de me conduire
dans l'école, tant à l'égard de mes camarades qu'à l'égard
des maîtres, des avis qui me seront très utiles. Ce qui me
fait beaucoup de plaisir, et ce qui m'engage encore plus à
rechercher leur amitié, c'est qu'ils sont les plus remarqua-
bles de l'école sous le rapport du talent et de la bonne
conduite, preuve certaine que leurs principes ne leur ont
pas nui. Je ne doute pas que leur connaissance ne me soit
très agréable et très utile.
   Voilà, ma bonne mère, une chose qui peut te faire plaisir
et te rassurer à mon égard, c'est que je trouverai ici des