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              PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES                     259

de la part qu'ils auraient prise à l'entreprise de la déco-
ration du livre que Jean de Tournes et Bernard Salo-
mon avec lui ont rendue fameuse. Les Italiens y sont
restés tout à fait étrangers. On n'a fait que s'inspirer
à Lyon, dans une certaine mesure, des exemples
donnés par les maîtres italiens de Fontainebleau ; leur
style se prêtait d'assez heureuse façon à cette orne-
mentation, mais ce style représentait en réalité une
sorte de dérèglement de l'esprit et la décadence de l'art.
   Du reste ce mouvement fut, si non déterminé, du
moins singulièrement accéléré, par un mouvement d'un
autre ordre, par l'indépendance et l'activité intellectuelles
qu'on ne connaissait guère ailleurs en ce temps-là et
qu'entretenaient le nombre et la hardiesse des lettrés.
On était en présence d'un de ces « heureux éveils des
forces spirituelles » dont Schiller a dit la puissance ( i ) .
Un contemporain, Antoine Pinet, avait de l'état de
Lyon une vue juste quand il célébrait « l'opulence (de
cette ville), les trafiques indicibles qui par le moyen
des quatre foires dont elle est privilégiée s'y pratiquent
et demeinent par diverses nations, l'incroyable multitude
de ses artisans, la commodité merveilleuse pour répan-
dre ses marchandises par toute la terre, Tordre Politique
tant curieusement maintenu, la gravité, sapience et
heureuse administration des sénateurs disans droit en
icelle (2). s II y avait, au xvie siècle, chez le peuple


   (1) Questions d'esthétique.
   (2) Plantz, pourtraitz et descriptions de plusieurs villes et forte-
resses, tant de l'Europe, Asie et Afrique que des Indes et terres
neuves. A Lyon, par Ian d'Ogerolles, 1564. La première édition,
très rare, a paru sous le titre de VEpitotne de la corographie
d'Europe (A Lyon, chez Bahhazar ArnouIIet, 1553).