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LETTRES DE L ' É C Q L E NORMALE 389 amis vertueux. Ils sont en petit nombre, il est vrai, nous sommes réduits à nous compter. Mais on remarque avec joie que le nombre augmente de jour en jour, et pour,nous, nous tâcherons de nous conduire dans l'école de manière à faire aimer nos principes.. Nos cours ne sont pas encore commencés, de sorte que. nous nous ennuyons un peu, mais cela ne durera pas. La nourriture est à près celle du collège. En somme, je crois que je n'aurai pas trop de peine a m'habituer à ce régime.: C'est une épreuve qui doit me conduire à un but longtemps et ardemment désiré, il serait bien misérable de se décou- rager pour si peu de chose. Je suis constamment occupé ces jours-ci à réfléchir sur la manière dont je dois me conduire. C'est chose importante, puisque de là dépend' mon bonheur à l'école. Je crois être en bonnes dispositions, je tâcherai de conserver soit parmi mes camarades,.soit avec mes supérieurs un esprit de paix et de douceur, je ne réussirai sans doute pas toujours, mais cependant, avec une intention pure et forte, tout doit être facile. Je veux tra- vailler, parce que ce n'est pas seulement pour passer mon temps que je viens à l'école, je veux au moins que mon sacrifice me serve à quelque chose ; et puis je serais bien heureux si en me faisant remarquer je vous gagnais ce reste de pension qui va vous ennuyer. Je suis bien éloigné de l'espérer tout à fait, plus éloigné encore de vous le faire espérer, mais enfin j'espère ne rien négliger de ce qui sera en moi pour que cela arrive. Je suis bien égoïste, n'est-ce pas, ma mère, je ne m'occupe que de moi, je ne te parle que de m o i ; mais tu sais bien que ce n'est pas faute de penser aux autres. Joannès m'a dit dans sa dernière lettre que tu as été un peu fatiguée, j'attends avec impatience de savoir ce qu'il en est mainte-