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202 LA QUESTION DES AQUEDUCS LYONNAIS captant les sources au pied de la colline, remontait tout au plus jusqu'au village de Saint-Martin, près et au nord-est de Miribel. M. Steyert attribue la construction de ce canal au roi burgonde Gondebaud. Dans quel but et pour quel usage Gondebaud aurait-il fait exécuter cet aqueduc ? C'est ce qu'il serait utile de savoir, afin d'établir un rudiment de preuve. Le Lyonnais, Sidoine Apollinaire, grand seigneur, poète, historien, chef du Sénat, préfet de Rome, Patrice, gendre de l'empereur Avitus, puis évêque de Clermont, et enfin canonisé, s'exprime ainsi (traduction Nisard, page 264) : « Burgondes aux cheveux graissés d'un beurre rance,... ils ont sept pieds, sentent l'ail et l'oignon. » Sidoine Apolli- naire vivait en même temps que Gondebaud, et ce serait le roi d'une cour qui puait le beurre rance, l'ail et l'oignon, qui aurait ordonné la construction de l'aqueduc de Miribel pour distribuer de l'eau dans la presqu'île ? Cela est inad- missible. Les remarques de M. Bosi, citées par M. Steyert, parais- sent s'appliquer aux murs qui masquaient partie des voûtes de la prise d'eau au kilomètre 13 plus 400 du service de la navigation, murs construits postérieurement à ces galeries. Nous l'avons dit, le maître de cette oeuvre, n'était pas un ingénieur romain, et nous savons que les Gaulois, de même que les Français d'aujourd'hui, avaient l'esprit d'initiative et rompaient facilement avec les traditions importées par l'étranger. Pourquoi refuser à nos ancêtres du domaine des Trois Gaules, le bénéfice d'une œuvre qu'on ne peut guère justifier, en raison de son importance et du volume d'eau qu'elle pouvait dériver, qu'en l'attribuant au désir d'embellir le quartier et les dépendances où étaient établies les habitations des Sévirs de l'autel Rome et Auguste ?