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                   SA VIE ET SON Å’UVRE                   211

   « Il a invité le citoyen Chinard à exécuter son plan le
plus promptement possible. »
   Il fut forcé par la malveillance et la calomnie de décou-
vrir son œuvre sans qu'elle fût achevée, et avant la fête qui
était préparée pour l'inaugurer. On se préoccupait de l'atti-
tude donnée à la statue de la Liberté, qui tenait à la main
droite une couronne civique. Le bras droit tombant le long
du corps, un peu en arrière, semblait, disait-on, destiner
cette couronne à une partie du corps tout à fait différente
de la tête.
   Les patriotes soupçonneux trouvèrent que l'intention de
l'artiste était douteuse et pouvait prêter au ridicule. Le
comédien Dorfeuille, qui fut plus tard président de la
Commission de justice populaire de Ville-Affranchie s'écria :
« Ce b . . . de Chinard nous a pris notre diadème républicain
pour lui en couronner les fesses. » Chinard eut beaucoup de
peine à faire comprendre que pour développer le bras de la
statue, il avait été obligé de le représenter étendu en
arrière, et qu'il n'y avait point de mauvaise intention de sa
part. On le laissa tranquille pour le moment, mais il resta
exposé aux soupçons, et en ressentit les effets plus tard.
   Une médaille représentant cet ouvrage fut gravée et
distribuée aux citoyens de Lyon le jour de l'inauguration.
   L'ouvrage de Chinard est ainsi décrit dans le Bulletin du
département du Rhône et Loire, des 3 et 4 septembre 1793 :
   « Le monument dont le citoyen Chinard vient d'embellir
la façade de la Maison commune, est d'un genre à lui
concilier à la fois l'admiration des artistes et l'estime des
vrais patriotes.
   « Le citoyen Chinard a puisé plutôt dans son cœur que
dans son imagination, le sujet qu'il a traité avec le succès
qui signale tous les chefs-d'Å“uvre sortis de son atelier. Un