page suivante »
PEINTRE ET TAILLEUR D'HISTOIRES 329 su donner quelque grandeur et quelque beauté par la sévérité des lignes et par d'heureuses inventions, et il avait l'esprit fertile pour ces inventions. On peut citer le frontispice à la Justice et aux vieillards qui portent les tables de la loi, celui à l'Ignorance, une sorte de Midas aux oreilles d'âne, et un autre à la Justice et au lion. Bernard Salomon a dessiné les lettres d'alphabets dans le goût de la Renaissance dont Jean de Tournes a fait usage pour ses livres à figures. Les lettres, les lettres fleuries, comme on les désigne quelquefois, se détachent en blanc sur un fond noir criblé et sont ornées de tiges, de feuillages et de fleurs; Salomon a donné libre carrière à sa fantaisie en introduisant dans ces petits décors des chimères, des mufles de ion et des mascarons. Les lettres fleuries de Geoffroy Tory sont plus élégantes. Nous ne disons rien des livres dont on lui a attribué à tort la décoration ( i ) . Il est possible de distinguer le style du petit Bernard. Il faut reconnaître toutefois qu'il y a eu de son temps à Lyon deux ou trois dessinateurs ou graveurs dont le mode d'illustra- tion n'est guère différent. L'Imagination poétique (1552), ce recueil de « quelques petites figures pourtraicte.s et taillées », que Barthélémy Aneau avait trouvées chez l'imprimeur Macé Bonhomme et pour lesquelles il avait écrit tun texte qui permit d'en tirer parti (2), (1) C'est à tort qu'Auguste Bernard et d'autres écrivains ont compris dans l'oeuvre de Bernard Salomon l'Œuvre de la diversité des termes d'Hugues Sambin, publiée en 1572. (2) L'édition latine a pour titre Vicia poesis ut pictura poesis eril.