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330                    BERNARD SALOMON

l'Imagination poétiqae, disons-nous, ne nous paraît pas
être en toutes ses vignettes l'œuvre de Salomon ( i ) .
   Il nous paraît très douteux que Jean de Tournes
ait eu, comme Auguste Bernard l'a donné à penser,
Geoffroy Ton- à son service (2).

  Nous ne faisons pas difficulté de reconnaître que
Bernard Salomon a eu quelques défaillances au cours
de son labeur, elles ont été rares.
   Il a fait école ; il a eu des imitateurs et des copistes.
Un de ceux-ci, qui lui a été inférieur, a été très
fécond ; il est encore peu connu et nous nous pro-
posons de dire un jour sa vie agitée et ses travaux.
Cet imitateur est Pierre Eskrich (3), dont plusieurs
ouvrages présentent un grand intérêt (4).




   (1) Les vignettes dont le travail se rapproche de celui de
Bernard Salomon, mais dont le dessin et la taille diffèrent, à
notre avis, de ceux de ce maître, sont « l'Invocation du sainct
esprit..., la préfiguration de l'imprimerie lyonnaise, la figure de
mariage, faictz des jeunes, conseil des vieulx », la paix armée,
l'entrée de monseigneur de Saint-André, gouverneur de Lyon.
   (2) Geofroy Tory, 1865, p. 332.
   (3) Eskrich, d'origine allemande, est né à Paris. Le nom
allemand était Krug, prononcé en France Kriche et Kruche.
Pierre Eskrich a signé Eskrich, Escrich et Cruche. Il a même
reçu le nom de Vase. Ce petit maître est, suivant nous, le
Jean Moni de Papillon et de Didot.
   (4) On a souvent attribué à Bernard Salomon, quoique le
style soit différent et l'exécution inférieure, les dessins et les
bois de Pierre Eskrich qui a travaillé le plus souvent pour
Guillaume Roville. C'est par suite de cette erreur qu'on a fait
vivre le petit Bernard jusque vers 1580. (Passavant, Le Blanc, etc.)