page suivante »
158 LA MANUFACTURE DES ÉTOFFES DE LYON demandé pour eux en France par l'entremise d'un sieur Pochet, marchand français, et d'un sieur Senepar, comédien français, tous deux établis à Pétersbourg ; mais l'ambassa- deur (Rossignol) donne l'avis que l'on défende en France la vente de ce papier. On voit que l'organisation d'une manufacture d'étoffes faisait son chemin ; cependant il n'y avait encore rien de fait en 1771, ainsi que le constate une lettre de Voltaire à Catherine, lettre relative à un portrait de la czarine « en mezzo-tinto », fait à la navette sur un satin, entouré d'une guirlande de fleurs, par un sieur LASALLE. « C'est, — disait Voltaire, — un chef-d'œuvre des arts que l'on exerce dans la ville de Lyon et que l'on cultivera bientôt à Pétersbourg si les choses vont du même train. » (15 mai 1771). Bientôt, en effet, fonctionnait cette manufacture, mais non à Pétersbourg, car dans le mémoire que Sabatier de Cabre rédigeait l'année suivante (31 juillet 1772), il est dit : « N'imite-t-on pas à Moskou les dessins de Lyon ! » le rédacteur ajoutait que tous ces ouvrages étaient aussi chers qu'imparfaits, que le débit en était très restreint même dans le pays où, malgré les douanes, les étrangers auraient toujours la préférence, notamment les étoffes de France que Ton voyait dans toutes les boutiques russes. En 1779, l'importance de cette manufacture ne devait pas être considérable et un mémoire de l'époque dit que le commerce de Lyon surtout avait besoin de facteurs à Moscou ; il n'y avait donc pas suffisamment de production en Russie pour satisfaire aux demandes. Ce fut cela, sans doute, qui engagea Catherine II à mon- ter sur un plus grand pied, en 1780, la manufacture plus que modeste qui fonctionnait plutôt mal que bien depuis une dizaine d'années.