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EN RUSSIE I57 prospérité des établissements qu'elle voulait créer elle inter- dit l'importation des dentelles et des étoffes de soie et d'ar- gent, voulant surtout réserver à la Russie cette dernière industrie; aussi, à la date du 30 mars 1764, l'ambassadeur de France à Pétersbourg constate-t-il que plusieurs fabri- cants de Lyon ont suivi le torrent d'émigration qui avait déjà déversé en Russie tant d'étrangers ; mais le 5 juin sui- vant, l'ambassadeur rapporte que les cinq ou six Lyonnais, fabricants ou dessinateurs attirés par les racoleurs, ont bien vite reconnu leur folie huit jours après leur arrivée. Dans ce fait, on voit qu'il n'existait point alors à Péters- bourg de manufactures d'étoffes de soie; les Lyonnais, ne pouvant donc y exercer leur industrie, se hâtèrent de revenir en France à la première occasion. A ce moment, vivait à Lyon chez sa mère, un sieur David Barrai, âgé de 29 ans, marchand de toiles qu'il allait chercher lui-même en Russie en y portant des soieries de France, « qu'il vendait ou échangeait avantageusement. » Or, en 1765, ce Lyonnais fut accusé de faire ses voyages dans le but de procurer à l'impératrice des échantillons d'étoffes par forme d'échantillons pour lui éviter la grosse dépense de pièces entières. Il convient d'observer que Barrai avait alors en Russie un frère qui y avait établi une manufacture de fer-blanc. Quoi qu'il en soit de la mission de ce négociant lyonnais à l'égard de la manufacture toujours restée à l'état de projet, ce n'est que deux ans plus tard que ce projet s'accentua. En 1767, les études de DOUET, de Lyon, maître dessina- teur en fleurs, ont été envoyées en Russie. La même lettre (14 décembre) constate le dépérissement de l'industrie de Lyon. Le mois suivant (21 janvier T768), deux dessinateurs sont pensionnés par l'impératrice; du papier verni est