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                    SA VIE ET SON Å’UVRE                      83

 ans MM. AUegrain, Mouchy, Boucher, Houdon, etc., tous
 sculpteurs ou peintres du Roi, ont remporté des seconds
 prix ; mats M. Chinard a obtenu le premier ; et c'est un
 honneur qu'aucun Français n'avait eu depuis plus de
 soixante ans. Le second prix a été remporté par M. Camille
Pacchetti, artiste romain, dont le mérite est bien connu,
et le troisième par un Prussien. On doit aisément se figu-
rer quels ont été, après ce jugement, les transports de notre
jeune Lyonnais. Ses amis, enivrés de joie, l'ont emporté
dans leurs bras jusqu'à son auberge, où ils lui ont donné un
grand dîner. Les trompettes du Capitule et les tambours du
Pape sont venus plusieurs fois lui donner des sérénades.
M. le cardinal de Bernis, M. de la Grenée, directeur de
l'Académie de France, et tous les artistes de l'Académie lui
ont témoigné prendre à son succès l'intérêt le plus vif.
   « Le jour de la distribution des prix a été fixé au 12 juin.
Cette distribution se fait au Capitole, et on peut sentir com-
bien la célébrité du lieu ajoute à l'éclat de la fête, dont on
dit que les frais nlontent à vingt mille livres de France. Les
poètes de Rome et les académiciens des Arcades s'étaient déjà
empressés de faire imprimer et répandre des sonnets à la
louange de M. Chinard. M. le marquis de Créqui lui avait
annoncé qu'il voulait le conduire lui-même au Capitole. Le
 12 juin à 5 heures du soir, ce seigneur en habit de maré-
chal des camps et armées, et revêtu de ses ordres, a pris
M. Chinard dans sa voiture. Lorsqu'on les a aperçus du Capi-
tole, les fanfares les plus brillantes ont annoncé leur arri-
vée, la grande salle du Capitole était magnifiquement déco-
rée et éclairée par quantité de lustres. Plus de cent musi-
ciens placés sur un orchestre fait exprès, ont exécuté une
symphonie. Les Italiens ont coutume d'associer la musique
à toutes leurs fêtes, et l'émotion qu'elle inspire double