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466 LA DEUXIÈME ÉDITION Dans l'introduction figurant en tête des poésies de M. Jean Tisseur, parues il y a bientôt dix ans (6), il mentionnait déjà « qu'il ne faut pas chercher dans la rime autre chose que le timbre. » Il eut depuis l'occasion d'exprimer tout au long dans son remarquable ouvrage sur la versification (7), ses idées à ce sujet, idées parfaitement exactes et que M. Brunetière — ce maître, cet amoureux de l'exact, cet antagoniste du nouveau —, n'a nullement attaquées, dans la mention qu'il fit au bulletin bibliographique de la Revue des Deux-Mondes, des Modestes observations. J'aurai fréquemment recours au traité prosodique de M. Tisseur, en traitant les trois points suivants sur lesquels roule presque exclusivement la deuxième partie de Pauca Paucis, je veux dire : l'inobservance de la rime aux yeux, l'inalternance de la rime et enfin l'essai de rythmes sinon nouveaux, quid sub sole novil du moins inaccoutumés, inemployés le plus souvent par les Magistri elegantiarum de la Poésie. Toutefois je tiens à poser comme préambule ceci : C'est que, sous l'étrangeté métrique, sous les formes variées, parfois bizarres aux oreilles classiques, des vers dont nous allons nous occuper, la pensée reste toujours maîtresse d'elle-même, haute, digne en tous points des poésies primi- tives de M. Tisseur, toujours philosophique et profonde à l'avenant. On courrait risque de tomber dans une grave erreur en regardant les rythmes inédits de l'auteur de Pauca Paucis comme nuisibles à l'inspiration poétique, (6) Lyon. Pitrat, 1885, p. 70 et sqq. (7) Cf. Modestes observations sur Yart de versifier. Bernoux et Cumin, Lyon, 1893 et la Revue du Lyonnais, du mois de Mai de la même année où j'ai tenté d'étudier succinctement ce savant recueil.