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                 ET LA BATAILLE DE BRIGNAIS                     377

   Ainsi décrit d'après les documents de l'époque, les tra-
ditions locales et l'inspection minutieuse des lieux, le conflit
de Briguais présente un intérêt tout particulier pour l'his-
toire militaire du xive siècle. Ce n'est plus cette échauf-
fourée nocturne dans laquelle, selon certains historiens
modernes, une armée de quinze mille hommes composée
d'excellentes troupes aurait été anéantie par quelques bandes
d'aventuriers. Il s'agit au contraire d'une grande bataille
livrée dans des conditions tout à fait spéciales en dehors des
règles suivies jusqu'à ce jour.
   Depuis l'invasion des Barbares et pendant toute la durée
du Moyen Age, la manière de combattre consistait à suivre
exclusivement l'ordre tactique, sans exécuter ni manœuvres
ni évolutions d'ordre stratégique. Les progrès dans l'art de
la guerre portaient principalement sur l'armement et le
développement des forces physiques nécessaires pour le bien
manier. Les armées combattaient ainsi que les anciens
preux en champ clos comme dans de véritables tournois :
au plus fort, au plus brave appartenait la victoire. C'est
pourquoi les stratagèmes et ruses de guerre étaient sévère-
ment bannis du code de la chevalerie comme indignes de
vaillants soldats. Au temps des Croisades les Musulmans
eux-mêmes auraient eu honte d'y avoir recours.
   Il en était encore ainsi au début de la guerre de Cent
ans. Français et Anglais suivaient les mêmes errements.
Seulement ces derniers avaient un armement supérieur au
nôtre (15), une infanterie parfaitement organisée munie
d'arcs excellents.


   (15) Prosper Mérimée. Histoire de Don Pèdre. Paris, 1865, p. 403 et
suiv. L'auteur de l'Histoire Générale (publiée sous la direction de
Lavisseet Rambaud), t. III, page 77, Paris 1893, qui traite delÃ