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                 ET LA BATAILLE DE BR1GNAIS                   373

différence, que fidèle au récit de Froissart, nous n'admet-
tons pas que la bataille ait commencé sur ce point. Mais,
comme le fait très judicieusement remarquer M. Guigue,
ce mot de Saignes ne saurait dériver du latin « a sanguine »,
il n'a donc aucun rapport avec cet événement et son étymo-
logie encore inconnue doit être recherchée bien avant le
xive siècle.
   Je ne saurais terminer cet examen des lieux, sans dire
quelques mots d'une autre tradition qui me paraît bien
avoir aussi son importance.
   Sur le plateau qui couronne la dernière élévation des
Barolles, se trouve un énorme bloc erratique présentant
vaguement la forme d'un lit (12). De temps immémorial,
les habitants du pays le désignent sous le nom de Pierre
Souveraine, parce que, disent-ils, c'est sur elle que furent
déposés le duc de Bourbon et son fils, mortellement blessés
pendant la bataille. Je me suis rendu moi-même auprès
de ce singulier monument historique, aujourd'hui renfermé
dans une propriété particulière. J'ai vérifié la parfaite exac-
titude de la description qu'en donnent les géologues et en
ai fait prendre la photographie. Comme on le voit, d'après
le dessin que nous reproduisons, il ressemble à la plupart



   (12) « Le terrain erratique alpin a conservé sur les collines d'alluvions
anciennes de Millery, de Saint-Genis-Laval, des Barolles, de Sainte-Foy
ses caractères les plus distinctifs. Il existe de gros blocs erratiques au
milieu des débris de ces moraines frontales, mais la plupart des volumi-
neux fragments de roches des Alpes ont été exploités comme maté-
riaux de construction et détruits. Cependant quelques-uns ont été
respectés et de ce nombre est la pierre Souveraine des Barolles.» A. Fai-
san. Esquisse géologique du terrain erratique et des anciens glaciers de la
région centrale du bassin du Rhône, in Bulletin de la Société de Géographie
de Lyon. T. IV, 1881, § m, p. 396.