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MOREL DE VOLEINE 3 I3 Une mention, toute spéciale, doit être accordée à GUIGNOL dont la faconde goguenarde, la langue et le type éminem- ment lyonnais ont su conquérir les faveurs du public, et séduire l'esprit de bien des gens d'élite. Parmi ces derniers, •Morel de Voleine se distinguait par sa parfaite connaissance des traditions et de la phonétique, par un culte fervent et par une propagande convaincue et communicative. Le théâtre de Guignol fut installé, vers 1808, par Mourguet père, dans la rue Lainerie et au Petit-Tivoli des Brotteaux, puis transporté, par Mourguet fils, dans le Caveau de la place des Célestins. « Guignol est le héros par excellence de ces pièces. C'est le Lyonnais représenté par un person- nage mythique, un peu exagéré, il est vrai, mais qui le résume parfaitement. Il cache, sous une apparence des plus simples, presque niaise, un esprit toujours prompt à la réplique, fertile en expédients, et un cœur plein de droiture et de probité. On en rit au commencement de la pièce, à la fin on l'applaudit pour quelque bon tour qu'il vient de jouer, ou une bonne action qu'il vient de faire. Il faut du talent et du véritable, pour créer des charges aussi com- plètes que celles de Guignol. Il faut un remarquable esprit d'observation pour saisir ces bonnes physionomies que l'on rencontre tous les jours et auxquelles peu de gens font attention, pour retenir ces bons mots populaires, parfois un peu crus, pour noter les ridicules qui courent les rues et se transforment sans cesse, et pour rendre tout cela, dans un cadre peu varié, à l'aide de poupées de quelques pouces de hauteur. On ne peut pas décrire ces pièces qui se modifient et se transforment, selon les événements et les mœurs du jour. Allez les voir si vous ne craignez pas un intérieur à la manière flamande. Les habitués du lieu sont d'honnêtes travailleurs, des bourgeois retirés du monde, ou