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                  LA BATAILLE DE BMGNAIS                      2^

s'est déroulé l'événement tragique de la lutte de l'armée
royale contre les Tard-Venus. Me reportant aux écrivains
qui ont disserté sur ce sujet, j'ai cru que les déductions
qu'ils avaient tirées de la lecture des documents anciens
n'étaient pas suffisamment claires; aussi, ai-je cru bien
faire en reprenant la question au point de vue topogra-
phique si je puis m'exprirrier ainsi, car il ne nous reste que
peu de renseignements écrits sur la manière dont cette
bataille a été livrée.
   M. Allut (r) qui publia, il y a trente ans, le livre fort
intéressant dont nous avons parlé, déplore amèrement
l'existence d'une lacune dans les actes du chapitre de Saint-
Just, correspondant précisément aux années qui nous
occupent. Je ne la crois pas aussi regrettable qu'il le
pense, en ce qui concerne le point que j'étudie, car le
rédacteur ecclésiastique n'eût certainement pas fourni les
renseignements stratégiques qui nous font défaut et se fût
probablement contenté de gémir sur un si grand désastre,
en insistant sur les noms et qualités des grands personnages
qui y trouvèrent la mort.
   Il n'y avait certainement ni chroniqueurs, ni historiens
dans l'armée des Tard-Venus, et celle de la couronne, où il
pouvait en exister peut-être, fut quasi exterminée dans
la lutte. Comme le fait très judicieusement remarquer
M. Guigue, les récits des principaux chroniqueurs ne sont
que « des ^échos lointains de narrations d'officiers en
sous-ordre : il y a donc du vrai et de l'inexact dans leurs
récits. »
   Le premier et en même temps le plus célèbre, Jean Frois-

  (i) P. Allut. — Les Routiers au XIV* siècle. Les Tard-Venus et la
bataille de Briguais. Lyon, MDCCCLIX, page 50.